« Il s’agit de ces cigales dites périodiques (Magicicada septendecim), à ne pas confondre avec les cigales annuelles parce que dans leur cas, de nouveaux groupes n’émergent qu’à des périodes de 13 ou de 17 ans », explique Pascal Lapointe de Science Presse. « Comme ces couvées ne sont pas synchronisées, certaines ne se rencontrent que rarement. C’est le cas des couvées XIII de l’Illinois et XIX, qui doivent émerger ce printemps en même temps, une convergence dont la dernière remonte à 1803. »
Yeux rouges
Avec leurs yeux rouges et leurs ailes orange feu, on les dirait tout droit sortie d’un film d’horreur. Pourtant, ces cigales sont inoffensives pour l’humain ou pour les animaux: elles ne piquent pas et ne transmettent pas de maladies; elles vivent enfouies dans le sol où elles se nourrissent de la sève des racines. En avril ou mai, quand la température monte, toute la population sort de terre… comme dans un film de zombies.
« Les cigales seront assez nombreuses pour qu’il y en ait jusqu’à 1000 à 2000 par mètre carré », précise M. Lapointe. « L’Université de l’Illinois rapporte que lors de l’émergence de 1990, des gens à Chicago devaient utiliser des pelles à neige pour dégager les cigales mortes sur leurs trottoirs. Et avec une cacophonie pouvant grimper jusqu’à 90 décibels, le bruit représente l’équivalent d’une rue très passante. »
Une menace pour la ferme?
Bien qu’on ne parle pas de sauterelles, mais plutôt de cigales, il reste que plusieurs agriculteurs s’inquiètent de l’impact d’une telle nuée.
« Les cigales s’en prennent essentiellement aux racines des arbres fruitiers », précise Joel Kits, chercheur chez Agriculture et Agroalimentaire Canada, « et les nymphes peuvent aussi endommager les bourgeons sur les branches. Elles ne sont généralement pas une menace pour les autres cultures. »
Encore faudrait-il qu’on assiste à une double éclosion colossale comme celle que s’apprêtent à vivre nos voisins du sud. « Ce type de cigale que l’on appelle périodique ne vit pas vraiment au Canada, où les espèces sont plutôt annuelles. Certaines ont des cycles aux cinq ou sept ans, mais à part quelques incidents isolés, on ne signale pas ici ce genre d’événement », assure-t-il.
Quant à la possibilité que le Canada devienne une Terre promise pour les cigales périodiques à la faveur du réchauffement climatique, M. Kits en doute: « Il n’existe pas présentement de modélisation permettant de constater leur progression vers le nord. Pour l’instant, elles sont concentrées dans le centre et le sud-est des États-Unis. Il leur reste du chemin à faire et du reste, les oiseaux et autres prédateurs risqueraient de les suivre aussi. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom