Certains en doutaient, le défi à relever dépassait tout ce que la région avait déjà organisé et le résultat témoigne encore une fois de cet extraordinaire dynamisme de la communauté agricole du Témiskaming ontarien. Mais lors du bilan officiel, les organisateurs ont fait état d’un total de 80 000 personnes ayant traversé les barrières durant les cinq jours de l’événement. C’est 10 000 de plus que ce que l’on attendait !
Certes, ce n’a pas été facile de trouver des solutions pour la liste interminable des défis logistiques et des infrastructures! Et pas facile de convaincre tous les partenaires de l’absolue nécessité qu’ils s’impliquent dans le projet! La population allait-elle embarquer!
Le terrain occupé par le Concours couvrait l’équivalent de 750 terrains de football avec son parc de roulottes et de VR, le village des tentes d’exposants, le stationnement des automobiles et les champs des compétitions de labour proprement dites. Il était situé sur la Ferme Rivadale à Earlton.
Ces laboureurs sont venus de partout de l’Ontario, du Québec et des États-Unis. Il y avait les compétions avec paires de chevaux aux attelages nickelés avec des charrues selky ou à mancherons.
Puis, les compétitions avec les tracteurs d’époque souvent repeints pour l’occasion. Enfin les tracteurs modernes s’affrontaient dans différentes catégories selon le nombre de socs sur les charrues. Chaque catégorie de laboureurs occupait sa section et ils étaient alignés sur plus d’un kilomètre. Un spectacle impressionnant à voir!
Pour tous les goûts
Quant au village des exposants, c’était une série interminable de tentes. Depuis les airs on aurait dit un carré de champignons de toutes les tailles et de couleurs variées. Il y avait de tout pour tous: près de 300 exposants. L’énorme tente des antiquités exposait surtout des vieilles autos. Ces belles dames de la route attiraient la curiosité des promeneurs. Ceux-ci évoquaient des anecdotes de leur jeunesse, celles de leurs parents et parfois c’était le passé lointain des grands-parents.
Pour la gente féminine, la tente des courtepointes contenait tout ce qui peut captiver une personne intéressée au travail fin de l’aiguille et du fil. Puis il y avait des kiosques des différents ministères, agences, organisations, maisons d’éducation ainsi que tous les produits et services propres au monde rural et de l’agriculture de la région et de l’extérieur.
On pouvait survoler le terrain en hélicoptère ou avoir une vue panoramique du terrain à 156 pieds au-dessus du sol à partir de la nacelle de Hydro-One.
En plus des exposants et des activités, les organisateurs avaient prévu l’animation. Des scènes montées à plusieurs endroits assuraient des spectacles en continu au son du Western ou du Country. Des mascottes qui sillonnaient le terrain ajoutaient à l’atmosphère de joie de vivre de l’événement. À plusieurs endroits, il y avait des démonstrations de toutes sortes.
Les organisateurs avaient également prévu des visites de fermes de la région. Les fermes à visiter arboraient une immense courtepointe sur la grange. Les visiteurs pouvaient sillonner la région avec une carte retraçant un bref historique de chaque ferme. Dans plusieurs endroits de la région comme dans le village d’Earlton, les gens avaient monté un décor pour l’occasion. Chacun y était allé de son originalité et le plaisir qu’ils avaient eu à le faire était évident.
La première journée, le mardi 22, était consacrée aux dignitaires. Le chef libéral fédéral Michael Ignatieff était là ainsi que plusieurs députés. Le caucus libéral au complet y était présent. Tous ont paradé avec des tracteurs aux couleurs du parti et plusieurs se sont essayés à labourer. Un journaliste a demandé au Premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty s’il avait un plan pour tracer son labour. En bon politicien, il a répondu à la blague: « Je vais aller droit devant, je ne vais pas tirer ni à la droite ni à la gauche. »
Mobilisation locale hors pair
Sans doute que la population du Témiskaming se souviendra longtemps de cet événement historique. Jamais le Concours international de labour s’était tenu aussi au Nord que cela. Les gens du Sud allaient-t-il se déplacer? Il fallait donc tout prévoir et en ajouter encore plus pour que les visiteurs retournent chez eux avec le goût de revenir dans le Nord’ et peut-être acheter des terres.
Toutes les chambres d’hôtel de North Bay à Cochrane étaient réservées depuis des mois. On avait même prévu un train quotidien pour faire la navette à partir de North Bay, à 180 km plus au sud. Plusieurs tronçons de route avaient été refaits à neuf. Et si on se fie sur le flot continu de véhicules qui remplissaient les terrains de stationnement, les gens sont venus en masse.
Ce qui est encore plus remarquable est la mobilisation de la population. Là, les organisateurs ont su tirer sur les bonnes cordes. On se préparait à recevoir de la visite et une visite qui trop souvent se faisait une idée plutôt vague du Nord de l’Ontario.
Et c’était l’occasion de participer à quelque chose de grand. Tous les comités mis sur pied, toutes les réunions tenues, ont créé une telle anticipation que la population a embarqué. Les gens ont été systématiquement sollicités et ils ont répondu à l’appel. Même les écoles ont été mobilisées.
Et en français aussi !
Le pari a été gagné, c’est vrai. Et les organisateurs ont voulu aller plus loin et en faire une fête qui reflète la dualité linguistique de la région. C’était audacieux! Surtout qu’il fallait convaincre l’Ontario Plowmen’s Association (Association des laboureurs de l’Ontario) que la dimension française fait partie du visage de notre belle région.
Tous les organisateurs, tous les bénévoles peuvent avoir le sentiment du travail accompli. L’organisation du 95e Concours international de labour présenté en septembre 2009 est un témoignage du dynamisme de la classe agricole du Témiskaming qui encore une fois su se solidariser.