Rencontre avec Lorne Small, 1er vice-président des Christian Farmers Federation of Ontario (CFFO)
Dans le cadre de notre série sur les organismes agricoles accrédités de l’Ontario, Agricom a rencontré pour vous M. Lorne Small, 1er vice-président de la CFFO. Cet organisme peu connu en Ontario français est un des trois qui sont accrédités selon la loi de 1993 de l’Ontario ce qui l’autorise à percevoir des cotisations statutaires de toute entreprise agricole qui veut s’y joindre. La CFFO a des membres dans 21 associations de district en Ontario et a obtenu ce statut dès 1993.
Agricom : M. Small, qu’est-ce qui distingue la CFFO des autres organismes agricoles accrédités de l’Ontario ?
Lorne Small : Ce qui nous distingue, c’est que nos membres sont appelés à appliquer dans le quotidien les valeurs de leur foi chrétienne à l’agriculture.
Par exemple, notre foi nous inspire à être de meilleurs gestionnaires de la qualité des sols et de l’environnement. La terre et les sols arables appartiennent au Créateur et nous n’en sommes que les intendants et il nous incombe d’en préserver et même d’en améliorer la qualité pour les générations à venir. Notre organisme a été un grand promoteur du programme des plans environnementaux des fermes en Ontario.
Nous croyances chrétiennes nous amènent à ne pas chercher des avantages à court terme au détriment de la durabilité des sols et de la pérennité de l’agriculture.
C’est dans ce sens que nous tentons de présenter une vision altruiste de l’agriculture en Ontario et dans le monde.
Agricom : M. Small, quels sont aujourd’hui les enjeux les plus importants pour les agriculteurs ontariens ?
Lorne Small : C’est sans contredit les programmes de gestion du risque. Nous nous réjouissons de ce que l’Ontario ait annoncé dans son dernier budget, le rétablissement d’un programme de gestion du risque pour le secteur des viandes rouges et de l’horticulture. Ceci aura pour effet de stabiliser ces secteurs de production et c’est important parce que les agriculteurs ne doivent pas se sentir obligés de changer de production à tout moment pour survivre. Lorsque trop d’agriculteurs s’engagent dans des productions qui semblent financièrement attrayantes à court terme, les marchés sont inondés et les prix chutent. Cependant, nous insistons pour les paiements aux agriculteurs dans le cadre de ces programmes de gestion du risque soient bien plafonnés. Ces programmes doivent aider à un grand nombre de petits producteurs et pas seulement à un nombre restreint de grosses entreprises.
Agricom : Quelles sont les principales priorités à long terme de votre organisme à ce moment-ci ?
Lorne Small : Comme je l’ai mentionné plus tôt, notre plus grande priorité est d’être des intendants responsables des biens que le Créateur à mis à notre disposition et ceci se concrétise par la préservation des sols et de l’environnement mais aussi par la mise en valeur des talents que le Créateur a donné à chacun d’entre nous pour le bien des collectivités.
Nos activités sur le plan local visent aussi la vitalisation de nos milieux ruraux. Plus nos collectivités rurales seront vivantes et saines, plus nos familles agricoles pourront y vivre heureuses et en harmonie.
Une autre de nos priorités à long terme est de favoriser la coopération entre les membres de nos collectivités. Nos croyances nous inspirent que nous devons d’abord chercher à travailler avec nos voisins plutôt que de chercher à être en concurrence avec eux.
Agricom : Et quelle est votre plus grande crainte à ce moment-ci au sujet de l’avenir de l’agriculture en Ontario ?
Lorne Small : J’ai de la difficulté à répondre à cette question parce que nos membres sont dans l’ensemble des entrepreneurs optimistes. Je dois expliquer ici que beaucoup de nos membres sont des immigrants Hollandais de première ou deuxième génération. Ils se sont établis au Canada avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme sur des terres fertiles. Ils sont prudents de nature et gèrent bien leurs affaires de façon prudente.
Bref, je dois vous répondre que nous n’avons aucune crainte précise et notre Foi nous inspire confiance.
Agricom : Est-ce que le manque de relève agricole vous préoccupe ?
Lorne Small : La relève agricole c’est d’abord une question de qualité de la vie des familles. Les enfants qui vivent dans une famille agricole qui a des valeurs profondes d’entraide et de coopération seront plus enclins à vouloir prendre la relève surtout si la terre est demeurée bien entretenue et fertile. Cependant beaucoup de nos membres sont dans des secteurs assujettis à la gestion de l’offre ce qui implique des capitaux importants et une bonne planification, et ce n’est pas toujours facile.
J’ajouterais cependant que trop d’entreprises ne prennent pas assez en considération la possibilité que leurs filles puissent prendre la relève. Le travail à la ferme en 2011 n’exige plus une grande capacité pour le travail physique. C’est d’abord un travail de gestionnaires.
Il y a chez nos membres une grande volonté de léguer leur ferme à leurs enfants et ils savent prendre les moyens. La clé c’est d’entretenir un dialogue familial dans une optique chrétienne.
Merci M. Small.