le Lundi 2 décembre 2024
le Mercredi 17 août 2011 0:00 Volume 29 Numéro 01 Le 17 août 2011

Des Moines et son marché public

Des Moines et son marché public
00:00 00:00

Notre collaborateur André Dumont s’est rendu en Iowa au début de l’été, y découvrir l’agriculture à l’échelle américaine. Il s’est arrêté à Des Moines, où chaque samedi 20 000 personnes prennent d’assaut le marché public.

 

En cette troisième journée en Iowa, je me rends à Des Moines, la capitale. On y tient l’un des plus anciens et plus importants marchés publics aux États-Unis. Je suis curieux de voir comment on arrive à attirer au centre-ville 20 000 personnes en quête de produits frais locaux, chaque samedi matin, de mai à octobre.

 

J’ai rendez-vous avec Kelly Foss, la directrice du marché, au Java Joe’s Coffee House, un établissement « in » qui propose des dizaines de variétés de café et de thé.

Ici, le Downtown Farmers’ Market est une véritable institution, fondée en 1976. Pas moins de 300 producteurs et artisans en font partie. À chaque semaine, plus de 200 d’entre eux installent une tente sur l’une de neuf sections de rues du centre-ville, fermées pour l’occasion à la circulation automobile. Ils offrent de tout : fruits et légumes frais, viandes congelées, produits transformés, fleurs et plants à transplanter.

 

Environ 80 % des vendeurs proposent des produits frais de la ferme, plusieurs étant biologiques. Les autres proposent des produits maraîchers importés d’ailleurs aux États-Unis, du pain et des pâtisseries, ou de l’artisanat.

 

La municipalité met à disposition 600 emplacements de stationnement gratuits. Les cyclistes bénéficient d’un stationnement supervisé juste pour eux.

 

Le marché public du samedi a transformé radicalement l’ambiance au centre-ville. Des musiciens se produisent en pleine rue, des artistes exposent leur art, des entreprises comme Pioneer proposent des activités éducatives aux enfants.

 

« Au début, les commerçants croyaient qu’il était injuste qu’ils soient les seuls à payer des impôts, raconte Kelly Foss. Aujourd’hui, les restaurants et les boutiques réalisent une bonne partie de leur chiffre d’affaire hebdomadaire le samedi. »

 

Un emplacement au marché public coûte 400 $ ou plus pour la saison. Le prix est plus élevé pour ceux qui vendent des produits transformés et pour les espaces sur les coins.

 

L’idée de construire une structure permanente est toujours discutée, dit Kelly Foss. Par contre, il n’est pas question d’aller de l’avant avant d’avoir maximisé à fond le potentiel d’un marché sans véritable toit. Ni de dévier de l’objectif de base : stimuler l’achalandage au centre-ville et promouvoir le contact entre urbains et agriculteurs.

 

Cet automne, une centaine de vendeurs participeront à un projet pilote, s’installant dans l’atrium d’un édifice à bureau, une fois en novembre, une autre fois en décembre.

 

Kelly Foss mijote un autre projet : inviter une partie des vendeurs à monter leur kiosque dès le vendredi midi, afin que les milliers de travailleurs du centre-ville puissent partir pour la fin de semaine avec des produits frais.

 

Dans un pays où l’agriculture à l’échelle industrielle laisse de moins en moins de place à l’agriculture familiale, le marché public de Des Moines offre de belles opportunités de vente directe, souligne Kelly Foss. Pour sa part, la clientèle y trouve l’agréable sentiment d’appuyer les petites fermes.

 

En terminant, sachez que les habitants de Des Moines savent bien que le nom de leur ville est français. Par contre, ils ignorent son sens et son origine. En fait, la confusion règne même parmi les historiens. Le nom est tiré de la rivière Des Moines, identifiée ainsi sur une carte du père Jacques Marquette. L’endroit s’est d’abord appelé Fort Des Moines, mais n’a pas été fondé par des Français.

 

Une hypothèse veut que le nom ait été inspiré de la présence de pères trappistes près de St. Louis, à un endroit qui s’appelle aujourd’hui Monks Mound, pourtant à plus de 300 km de la rivière. L’autre hypothèse avance que le nom dériverait de celui des indiens de la tribu Moingona, qui aurait habité le long de la rivière. Le mystère perdure…