le Mardi 3 décembre 2024
le Mercredi 21 septembre 2011 0:00 Volume 29 Numéro 03 Le 21 septembre 2011

Culture maraîchère au Honduras : Produire avec peu

Culture maraîchère au Honduras : Produire avec peu
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Notre collaboratrice, Corine Blanchette, est graduée du programme Technologie agricole de l’Université de Guelph-Campus d’Alfred. Elle réalise un stage au Honduras dans le cadre d’un programme de l’organisme Solidarité Union Coopération, financé par l’Agence canadienne de développement international.


Cela fait déjà 2 mois et demi que le Honduras m’a accueillie à bras ouverts. La pluie incessante a fait place à une canicule qui a duré près d’un mois. Cette température ne nous a pas permis de procéder aux semis, mais la pluie est maintenant de retour. La terre humide nous donne donc l’occasion de mettre en terre plusieurs variétés de semences de légumes et de fruits : la carotte, l’oignon, le radis, le concombre, la courge, la tomate et le poivron. 

Mon projet agricole qui est destiné aux femmes honduriennes situées en zones rurales consiste à leur enseigner les rudiments de la culture maraîchère. Je travaille avec 10 groupes d’environ 10 à 20 femmes chacun pour qui la situation n’est guère facile. Les familles sont grandes et ont généralement peu, voire pas de revenu. Mon projet me tient beaucoup à cœur, puisque je jouerai un grand rôle dans la vie de ces familles. La production des fruits et légumes leur permettra de se nourrir et même peut-être créer un revenu issu de la vente de ces récoltes.

En début juillet, j’ai commencé à offrir quelques formations, dont la première portait sur le travail du sol et le semis. L’achat de rubans à mesurer et des semences leur a permis de passer de la théorie à la pratique. J’ai été surprise de voir à quel point les femmes ont participé à l’activité, ce qui m’a donné l’idée d’encourager cette participation active en favorisant l’échange et le partage de leurs connaissances. Les femmes étaient tellement heureuses de pouvoir dire ce qu’elles pensaient, s’exprimer et démontrer leurs connaissances. Je crois que cette petite activité a contribué à renforcer l’estime de soi de chacune d’elles, la majorité n’ayant pas complété leur éducation à l’école primaire.

La semaine passée, j’ai commencé à faire le suivi des parcelles pour voir ce que les groupes avaient réalisé. Elles ont bien appliqué les nouvelles techniques apprises sur leurs parcelles.

Les gens du campo (campagne) fonctionnent beaucoup avec la mémoire et n’écrivent presque rien. Moi, qui traîne mon agenda partout où je vais, je leur demande : « vous n’allez pas l’écrire? » et elles me répondent : « Nous n’oublions presque jamais rien. ».C’est impressionnant de réaliser toute l’information qu’elles retiennent savoir avoir recours aux aide-mémoire, mais je tente de leur faire comprendre qu’en agriculture, il est primordial de garder des traces de tout ce qui est fait dans la parcelle. J’ai donc décidé de mettre l’accent sur le registre d’information, d’autant plus qu’elles sont plusieurs à travailler sur la même parcelle. Je les habitue à prendre des notes à l’aide d’un agenda des cultures. Dans celui-ci, les femmes pourront  écrire et y faire des dessins. Bref, ces informations serviront à faire le transfert de données entre elles puisqu’elles ne travaillent pas toutes en même temps. Cet agenda servira aussi pour le prochain semis. À suivre!