Marc Boucher a la fibre entrepreneuriale dans l’âme. Cet ancien propriétaire d’une quincaillerie Rona a vendu ses parts pour se recycler dans le milieu agricole. Il tenait à tout prix à investir dans une production contingentée. Pondeuses, poulets de chair, vaches laitières ? Il a plutôt opté pour une production qui allait lui rapporter un bon retour sur investissement, mais d’abord et avant tout lui fournir une qualité de vie : la dinde.
« Je voulais absolument me diriger vers une production avec du quota. Je voulais avoir un investissement sûr, avec du revenu garanti et stable. Aujourd’hui, c’est tellement facile faire faillite », explique Marc.
Le 7 jours sur 7, 365 jours par année, « non merci ! », s’est-il dit d’entrée de jeu. « Ma femme aurait bien aimé la vache laitière, mais je trouvais ça trop accaparant », avoue-t-il, bien qu’il soit conscient que le retour sur investissement de cet élevage demeure à ce jour le plus payant, toutes productions contingentées confondues.
Non issu d’une famille agricole, il avait pourtant un faible pour le poulet à chair. Mais une seule rencontre avec son conseiller financier, Alain Bouvrette, lui a fait changer d’avis. Après avoir exposé à Marc tous les chiffres relatifs à la production qui l’intéressait, M. Bouvrette lui a présenté un tableau comparatif qui l’a d’abord laissé perplexe.
« Quand on est en affaires, il faut avoir l’esprit ouvert. Mais quand il m’a proposé la production de dindes, mon esprit s’est un peu refermé parce que je ne voulais pas du tout me diriger là-dedans », admet Marc Boucher, un sourire en coin.
C’est pourtant en faisant ses devoirs et en étudiant les chiffres qu’il s’est laissé séduire par l’idée d’élever cet autre type de volaille.
Des avantages à tous les niveaux
D’abord, le retour sur investissement était beaucoup plus intéressant chez la dinde. Après avoir constaté que le coût de construction du poulailler et les équipements étaient presque en tout point semblables, il s’est penché sur la principale dépense : le prix du quota. Pour un même revenu, il fallait investir 1,2 million $ pour l’achat du quota de dindes, comparativement au 1,8 million $ que lui aurait exigé la production du coq à chair.
Un deuxième point majeur que le couple Boucher a fortement considéré est la latitude que leur permettait la production de dindes par rapport à la conciliation travail-famille. Parents de deux enfants, une fille de 8 ans et un garçon de 13 ans, l’élevage de la volaille leur permet d’obtenir une qualité de vie qu’ils n’auraient pas pu obtenir en élevant des vaches laitières, selon eux.
« On planifie notre production pour nous permettre de passer du temps en famille », soutient Marc Boucher.
De fait, toute leur production est calculée en fonction des congés scolaires. Lorsque les dindes atteindront les 7 kg nécessaires, le premier lot partira à l’abattoir juste à temps pour la semaine de relâche de mars, le deuxième lot tout juste avant les deux mois de vacances d’été et le troisième avant les fêtes, ce qui leur permettra de prendre deux ou trois semaines de congé avec les enfants pour Noël et de recommencer en janvier de l’année suivante.
Marc Boucher avoue qu’il en avait un peu marre des longues heures de travail que lui exigeait son ancien boulot et du stress qu’il devait subir à gérer 45 employés et en manipulant de gros chiffres d’affaires. Il a donc trouvé son compte en se lançant dans l’élevage de volailles.
« On y a pensé Manon et moi et ça n’a pas été long qu’on s’est embarqué dans le projet », raconte le jeune producteur.
En l’espace de quelques mois, la construction du poulailler de 1 500 pi2 était terminée et les nouveaux producteurs recevaient leurs 7 500 premiers dindonneaux, le 18 décembre dernier.
Ils sont très satisfaits jusqu’à présent. Les dindonneaux ont surpassé leur objectif de gain de poids, tout en maintenant un taux de mortalité de 2 %, en deçà de la moyenne de 5 %.
Projets d’expansion
À peine viennent-ils de démarrer leur production que le couple d’agriculteurs saisit les occasions d’affaires qui leur permettront de prendre de l’expansion.
« On est déjà en démarchage pour augmenter notre production, a confié à notre journaliste Marc Boucher, alors que ses premiers dindonneaux n’avaient que 23 jours. Nous sommes en train de nous procurer un autre 30 000 kg de quota. Je devais atteindre cet objectif dans trois ou quatre ans seulement [selon le plan initial], mais j’ai eu une occasion en or d’en acheter et je ne peux pas passer à côté. »
La transaction devrait se conclure en octobre, ce qui lui permettra de produire jusqu’à 154 000 kg de dinde par année.
Il se félicite d’ailleurs d’avoir suivi les judicieux conseils d’un autre producteur qui lui avait suggéré de bâtir plus grand.
Ferme Gada en bref :
Investissement initial : 1,8 M$
Quota actuel : 125 000 kg (154 000 kg en octobre)
Production : 3 lots de 7 500 dindes
Marché : Butterball (7kg)
Période d’élevage : 80 jours / lot
Achat de moulée : 265 tonnes / an
Parquet : 60 X 250 pi
Système de gestion : Maximus
Couvoir : Cuddy
Abattoir : P&H