Une première usine nord-américaine, et d’envergure mondiale, d’un fabricant de produits chimiques de nouvelle génération ouvrira de nouveaux débouchés pour les agriculteurs ontariens. BioAmber construit à Sarnia une usine qui produira de l’acide succinique bio-sourcé servant au domaine alimentaire.
Jusqu’à présent installé en France dans une usine appartenant à ARD, une installation servant exclusivement à BioAmber en vertu d’un accord de fabrication à façon, BioAmber transfèrera sa production à sa nouvelle usine de Sarnia, en Ontario. Celle-ci permettra de réaliser des économies d’échelle et de profiter de matières premières et de services publics à des coûts inférieurs à ceux de la France, ce qui réduira considérablement le prix de l’acide succinique bio-sourcé de la société.
Le vice-président exécutif de BioAmber, Mike Hartmann, confirme que l’une des raisons pour lesquelles l’entreprise a choisi Sarnia pour s’établir consiste à se retrouver en ruralité, près de fermes qui pourront l’approvisionner de matières premières issues de l’agriculture renouvelables.
Actuellement en construction, l’usine de Sarnia devrait commencer sa production d’acide succinique dès le début de l’année 2015. L’entreprise prévoit l’embauche totale de 60 personnes à temps plein.
Les producteurs se réjouissent
Le vice-président de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, Don McCabe, affirme que l’établissement de BioAmber à Sarnia lui ouvrira de nouveaux marchés en tant que fermier ontarien.
« Je suis heureux et excité d’avoir cette occasion d’affaires. Le maïs, le blé et le soya sont des sources de sucre et de résidus de cultures, indique-t-il. Auparavant, nous n’avions pas suffisamment de résidus de cultures pour s’en préoccuper. Nous en avions besoin pour le maintien de la teneur du sol en matière organique. Compte tenu de l’augmentation du rendement en grain que nous atteignons, nous avons trop de résidus de cultures et ça devient un problème. »
« L’usine produira 30 000 tonnes d’acide succinique par année, précise M. Hartmann. Pour produire un kilo de cet acide, nous avons besoin d’un peu plus d’un kilo de sucre. Le nombre de sucre dérivé de boisseaux de maïs représente près de trois millions de boisseaux. »
L’acide succinique est un régulateur de pH aromatisant contribuant à renforcer l’acidité des aliments. L’acide succinique bio-sourcé de BioAmber offre aux entreprises d’aliments et d’arômes une solution de rechange naturelle à l’acide issu du pétrole. Il se trouve en petites quantités dans la plupart des fruits et des légumes. Ce cristal inodore et incolore au goût légèrement amer et acide est soluble dans l’eau. Dans l’industrie alimentaire, il est également utilisé comme agent de conservation et exhausteur de goût.
Don McCabe peut difficilement établir l’impact de BioAmber sur la rentabilité de sa ferme puisqu’il ne vendra pas ses résidus directement à l’entreprise. Effectivement, les producteurs de céréales comme lui pourront approvisionner des entreprises comme la société Ingredion Canada, l’un des principaux raffineurs de maïs et fournisseurs d’ingrédients du maïs au monde. Selon le site Internet de la société, elle est le plus grand producteur de dextrose au monde, ainsi qu’un important producteur régional d’amidons, de sirops et de glucose.
« BioAmber va acheter le sucre d’une entreprise qui aura transformé les résidus de cultures que je lui aurai vendus, et ce, probablement à un prix plus élevé », croit le vice-président de la FAO. Ce que tend à confirmer M. Hartmann.
Selon le vice-président de la FAO, il est également difficile de déterminer le nombre de fermiers qui pourront profiter de cette occasion d’affaires.
Produit plus écolo
BioAmber a créé un procédé exclusif de fermentation et de transformation en aval pour produire de l’acide succinique bio-sourcé à partir de matières premières issues de l’agriculture ou de l’exploitation forestière comme substitut aux composants chimiques issus du pétrole.
Cet acide succinique bio-sourcé coûte moins cher que celui produit à partir de pétrole et il est plus pur. « Nous sommes deux fois plus productifs ainsi », souligne Mike Hartmann. Le procédé de BioAmber exige d’importantes quantités de CO₂ et peut donc considérablement contribuer à l’effort mondial de réduction des gaz à effet de serre, ajoute-t-il.