Les producteurs de bœuf de l’Ontario se félicitent de l’engagement que semble prendre le gouvernement Wynne à développer l’agriculture dans la Grande Zone argileuse. Dans la lettre de mandat adressée au ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales le 25 septembre, la première ministre a écrit que le Ministère doit «explorer les possibilités de faire croitre le secteur agricole dans le Nord.»
Le regroupement de producteurs est d’ailleurs l’un des trois groupes à avoir visité les installations de la ferme de recherche de Kapuskasing, fermée par Agriculture et Agroalimentaire Canada le 31 mars. La Corporation de développement économique de Kapuskasing a aussi accueilli deux visiteurs du secteur privé. «Ce sont des groupes dans le domaine de l’agriculture, ce qui est un bon signe», laisse filtrer l’agent de développement économique de la Ville de Kapuskasing, André Robichaud.
Le directeur général de Beef Farmers of Ontario, Dave Stewart, croit en la possibilité de faire de l’élevage une activité économique importante, dans le Nord. L’étalement urbain du Sud ontarien et le cout des terres décuplent les possibilités. «Il ne faut que quelques histoires à succès», croit-il.
La visite de Beef Farmers of Ontario à Kapuskasing s’inscrit dans l’objectif de développer l’industrie du bœuf dans la Grande Zone argileuse. «Nous travaillons depuis quelques années à accroitre la production de bœuf en Ontario», a confirmé Dave Stewart au Voyageur. Toutefois, le cout des terres dans le Sud ontarien pose des problèmes et des experts-conseils se sont penché sur la viabilité de miser sur la Grande Zone argileuse. Les possibilités de pâturages et de production de foin font d’ailleurs partie de l’équation. «Notre étude démontre qu’il faut environ 200 vaches et qu’il faut les conserver environ six mois de plus que la moyenne pour que ce soit viable.»
Il n’est toutefois pas question de transformer la ferme expérimentale en pâturage – la visite en était une de courtoisie, pour tisser des liens avec les communautés du Nord et voir les possibilités de partenariat. «Les installations de Kapuskasing sont intéressantes puisqu’il nous faudrait un site de démonstration», a indiqué le directeur général, précisant que son organisation n’aurait pas les reins pour soutenir financièrement des activités de recherche comme le faisait le gouvernement fédéral. «Nous nous disons exactement la même chose que les gens de Kapuskasing. On se gratte la tête et on se dit que ce sont tellement de belles installations, nous devrions les utiliser.»
Pour sa part, la Corporation de développement économique étudie surtout la possibilité de louer les installations de la ferme de recherche à plusieurs groupes. «C’est un gros casse-tête», plaide l’agent de développement économique. Il faut mettre plusieurs morceaux ensemble. C’est difficile de garder juste un projet et qu’il soit profitable, avec toute la place.»
La Ville a toutefois les mains liées : si elle peut faire visiter les installations, le gouvernement du Canada demeure le propriétaire du site, aménagé dès décembre 1914 afin d’accueillir des prisonniers de guerre et des ressortissants étrangers en pleine Première Guerre mondiale. «Il y a toutes les politiques internes à suivre pour [se départir] de la place» précise André Robichaud. Si on voulait l’acheter, ils ne sont pas prêts.»