Des résidents de la municipalité de La Nation, dans l’Est ontarien, sont divisés. L’implantation éventuelle de deux parcs éoliens sur leur territoire ne plaît pas à tous.
Au moment d’aller sous presses, une réunion est sur le point d’avoir lieu, organisée au centre communautaire Caledonia à Saint-Bernardin par un regroupement d’opposants dont le slogan, Sauvons La Nation, circule depuis quelques semaines. Agricom assistera à cette rencontre publique. D’ici là, voici les faits qui sont au coeur du litige.
À l’origine des tensions
Les villages de Saint-Isidore et de Saint-Bernardin seraient au coeur des deux projets, l’un de grande envergure et l’autre beaucoup plus modeste. Le plus gros, le St. Isidore Wind Energy Centre est proposé par la compagnie EDF Énergies Nouvelles Canada Développement Inc. et s’étalerait sur plus de 10 000 acres avec une cinquantaine d’éoliennes. L’autre beaucoup plus petit, le Parc éolien Gauthier compterait une quinzaine d’éoliennes et se partagerait entre les territoires de La Nation et le canton de Champlain. Les deux projets seraient établis sur des terres privées.
L’emploi du conditionnel est utilisé, car les deux promoteurs devront soumettre leurs propositions à La Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité. La province a annoncé qu’elle allouera un certain nombre de mégawatts pour de nouveaux projets éoliens. Le nombre de projets présentés risque toutefois de dépasser les quantités disponibles.
Néanmoins, les opposants refusent même d’en envisager l’éventualité. « Ça va être sur de bons terrains agricoles et on aime pas on ça. On a des inquiétudes aussi sur la façon dont ça peut affecter les nappes d’eau quand ils vont rentrer les structures. C’est gros et c’est pesant. Pour le son, ce n’est pas prouvé par le gouvernement, mais il y a quand même des recherches qui indiquent que la pollution par le son peut engendrer des ennuis de santé » explique l’une d’elles, Sylvia Levac, agricultrice de Saint-Bernardin, en évoquant aussi les risques de dévaluation des résidences.
Pour sa part, Marc Bercier de Saint-Isidore et également producteur agricole a signé une entente avec EDF. Il est l’un de ceux qui permettront à la compagnie de louer une partie de ses terres en échange de quoi il touchera des redevances fort appréciables, pouvant aller jusqu’à 15 000 dollars par année de l’acre si cette parcelle accueille une éolienne. D’autres montants sont fixés pour un droit de passage, par exemple.
« Moi j’ai signé pour des raisons financières. J’ai toujours dit que j’étais contre la Loi sur l’énergie verte des libéraux parce que ça coûte trop cher à la province. Mais la démocratie a parlé et ils ont été réélus lors des dernières élections alors les projets sont là et j’ai décidé de signer. C’est une décision qu’on a pris toute la famille ensemble. »
M. Bercier indique avoir visité plusieurs parcs éoliens en Europe et au pays et qu’il a confiance en cette technologie. Il note aussi qu’à travers l’histoire, les changements technologiques ont généralement rencontré l’opposition à leur début.
Pour sa part, le maire de La Nation François St-Amour ne cache pas son désagrément.
« Les gens pensent toujours qu’on a quelque chose à voir là-dedans, mais on a aucun contrôle. Avec la Loi sur l’énergie verte, c’est comme si la province avait dit aux municipalités : tassez-vous du chemin. »
M. St-Amour indique que la Nation a signé une entente avec EDF pour établir le montant des redevances advenant que le projet aille de l’avant.
« Même si on avait refusé de signer, ça ne les aurait pas empêchés de continuer. La seule chose c’est qu’il n’y aurait pas eu de partage si jamais cela venait à passer. »
Le maire indique avoir rencontré deux représentants du comité Sauvons La Nation, auxquels il a répondu aux questions qui relevaient du pouvoir municipal.
Les promoteurs ont jusqu’au 1er septembre pour déposer leurs soumissions.
Un article sur la rencontre à Saint-Bernardin suivra.