La glissade du dollar canadien pourrait contrarier les Canadiens qui aiment acheter des oranges de la Floride et des laitues de la Californie cette année.
Le huard, qui a reculé sous la barre des 70 cents US pour la première fois depuis 2003, devrait continuer à faire grimper la facture d’épicerie des Canadiens, particulièrement celle des
amateurs de fruits et légumes frais.
Presque tous les fruits et légumes consommés au Canada sont importés, ce qui rend leurs prix plus sensibles aux fluctuations des devises.
« C’est vraiment à cause du dollar », a observé Kevin Grier, un analyste du marché de l’agriculture et des aliments.
Le prix des fruits et légumes a bondi d’entre 9,1 et 10,1 pour cent l’an dernier, selon un rapport annuel du Food Institute de l’Université de Guelph. L’étude prédit que ces hausses de prix se
poursuivront en 2016 et qu’elles seront supérieures à l’inflation, atteignant jusqu’à 4,5 pour cent pour certains produits.
Selon Sylvain Charlebois, l’auteur principal du rapport, chaque fois que le huard perd 1 cent US vis-à-vis du billet vert américain, les prix des aliments importés grimpent d’un pour cent ou plus.
Ces prix ont augmenté depuis maintenant quelques années.
En novembre 2011, un kilo de pommes coûtait en moyenne 3,35 $ au Canada, selon Statistique Canada. Quatre ans plus tard, le même kilo coûte 4,12 $.
Le prix du kilo de céleri est pour sa part passé de 2,23 $ à 3,08 $ au cours de la même période.
Même si les hausses de prix ont pesé sur le portefeuille de tous les Canadiens, elles ont eu un impact plus marqué sur ceux dont le budget est plus serré ou ceux qui habitent les régions éloignées, où
les fruits et légumes sont déjà plus dispendieux que dans les régions urbaines.
Les gens des communautés nordiques ou éloignées sont plus susceptibles d’être touchés par ces hausses de coûts, a indiqué la directrice générale du Réseau pour une alimentation durable, Diana
Bronson.
Au Nunavut, par exemple, les résidents déboursent habituellement deux fois plus que le Canadien moyen pour se procurer des produits de base, selon le Bureau de la statistique du Nunavut.
Là-bas, un kilo de carottes coûtait 6,17 $ en mars 2015, alors qu’il coûtait en moyenne au pays environ 4 $ de moins.
Les gens des classes moyenne et inférieure _ dont plusieurs « ne peuvent trouver un emploi qui les rémunère assez pour assurer qu’ils puissent offrir à leur ménage une saine alimentation » _ sont aussi
touchés par la hausse des prix des aliments, a noté Mme Bronson.
« Ce sont des étudiants. Ce sont des personnes âgées. Ce sont gens de la classe ouvrière. Ce sont des immigrants », a-t-elle précisé, ajoutant que les autochtones et les minorités visibles étaient démesurément touchés.
« Les aliments qui sont peu dispendieux sont de la mauvaise nourriture, et les bons aliments restent coûteux », a souligné Mme Bronson. Elle espère que la politique nationale de l’alimentation
promise par le nouveau gouvernement libéral s’attaquera à ce déséquilibre.