Le 2 juin, environ 2 500 producteurs laitiers de partout au Canada se sont rejoints sur la colline du Parlement à Ottawa. Leur discours n’est pas nouveau, mais comme ils peinent à se faire entendre si on en juge par l’absence de progrès dans les dossiers des importations de lait diafiltré en provenance des États-Unis, du respect des normes canadiennes pour la fabrication du fromage, ou encore pour l’établissement de mesures compensatoires pour combler les parts de marché consenties dans le cadre de l’Accord économique et commercial global qui est sur le point d’être ratifié entre le Canada et l’Union européenne ou, du Partenariat transpacifique qui le sera éventuellement, la mobilisation demeure de mise.
À l’automne dernier, on assistait à un scénario semblable alors que l’Ontario et le Québec faisaient leur entrée dans la capitale nationale en tracteurs. Les deux provinces sont restées fidèles à leur tradition et ont une fois de plus capté l’attention générale avec leur convoi respectif, formé de tracteurs, d’épandeurs, de camion-citerne et de la populaire vache Ninja qui attire invariablement la sympathie du public. Cette fois-ci toutefois, la participation du Canada entier marque une avancée importante.
Parallèlement, environ 400 producteurs des Maritimes se sont regroupés à l’Île-du-Prince-Édouard au bureau du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Lawrence MacAuley, alors que d’autres producteurs et sympathisants se sont retrouvés au centre-ville de Regina.
« Nous sommes venus de toutes les régions du pays aujourd’hui non seulement pour célébrer les contributions qu’apporte notre industrie à la santé, à l’économie et à la réussite sociale de ce pays ainsi que les bienfaits que procure notre lait nutritif et de grande qualité à la population, mais également pour célébrer le système de gestion de l’offre. Pour assurer la durabilité du système de gestion de l’offre, le gouvernement doit travailler avec nous et s’attaquer activement à ces défis. Nous remercions les Canadiennes et Canadiens de leur appui et demandons au gouvernement de travailler avec nous pour que notre industrie demeure forte », a déclaré Wally Smith, président des Producteurs laitiers du Canada.
À cette occasion des représentants du Québec des comités laitiers, de l’Ontario et de la Colombie-Britanique ont joint leur voix à celle des représentants nationaux, une première qui marque probablement un pas vers une vision unifiée selon certains.
« Mon impression est que cela a démontré au gouvernement qu’on est en train de s’organiser nationalement. Ils (les gens du gouvernement) veulent aider la cause, mais ils ont besoin qu’on soit unifiés », mentionnait Jasmin Benoit, un jeune producteur ontarien de la région de Saint-Albert.
M. Benoit est au nombre des organisateurs d’un rassemblement récent où la relève agricole ontarienne et québécoise avait enjoint les acteurs de l’industrie laitière des deux provinces à mettre leurs différents de côté pour enfin arriver à une stratégie nationale des ingrédients laitiers, notamment. Selon lui, cet événement n’est pas étranger à l’ampleur nationale qu’a prise la manifestation du 2 juin.
« Je crois que cela a eu de l’influence pour le rapprochement entre nos leaders. J’ai eu des appels du président et de directeurs du Dairy Farmers of Ontario (DFO) après. Et ce que l’on vient de voir, d’après moi c’est lié. Le DFO avait eu l’invitation, mais n’était pas certain de participer. Il a fallu que j’appelle. En tout cas, c’est la première fois qu’on les voit tous sur la même estrade. C’est quand on rame sur le même côté qu’on avance. »
En plusieurs occasions, les représentants ont signifié au gouvernement que dans le dossier du lait diafiltré il ne s’agit pas d’une question de commerce international, mais bien de la question de faire appliquer la règle canadienne.
« On ne vous demande pas de changer les règles, on vous demande seulement de les appliquer », a fait valoir Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec.
En bref :
L’industrie laitière est un important moteur de l’économie nationale :
- Elle contribue à hauteur de 19 milliards de dollars par année au PIB du Canada
- Elle génère 3,6 milliards de dollars de recettes fiscales chaque année
- Elle assure le maintien de 215 000 emplois