Ils sont 39 clients à avoir investi 500 $ chacun pour une période de cinq ans dans un troupeau de bœufs à la ferme Dalew de Lavigne dans le Moyen Nord de l’Ontario. Cet investissement leur garantit la possibilité d’acheter un demi-bœuf. Cette idée originale de Dave et Chantal Lewington a séduit les gens qui veulent du bœuf sans médicament et nourri uniquement à l’herbe. Les clients deviennent en quelque sorte des actionnaires dans la ferme. À l’automne, le client se fait déduire 110 $ du prix du quartier de bœuf qu’il achète, ce qui fait qu’au terme du contrat de cinq ans, il aura reçu 550 $. Pour Dave et Chantal, cette formule permet de vérifier s’il y a un marché et de toucher une partie de l’argent des ventes en avance. La mise de fonds est aussi une forme d’engagement des clients. « On rejoint des gens sérieux. On a même une liste d’attente », affirme Chantal. La formule assure le client d’une viande de qualité et lui offre l’avantage d’une commande personnalisée tout en encourageant un mode d’agriculture durable.
Il y a trois ans, Dave et Chantal produisaient également du mouton, du porc, du poulet et des œufs, et ce, toujours selon le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté. Ils avaient également une clientèle pour des paniers de légumes. Mais c’était trop et depuis, seul le troupeau de bovins demeure quoique depuis deux ans, les Lewington se sont lancés dans la production de lait de chèvre. « La transition a été plus difficile que prévu. Il fallait la construction d’une nouvelle grange et il y a eu des complications et des dépassements de coûts », raconte Chantal.
Devant l’impossibilité de loger les chèvres comme prévu, chèvres pour lesquelles le couple avait mis un dépôt, il fut décidé d’un plan B et l’étable d’un voisin qui tirait des vaches dans le passé fut louée. Cela a présenté beaucoup d’ouvrage pendant le premier hiver, mais s’est avéré une bonne décision aux finales. « On aime ça les chèvres. »
Le troupeau de 400 chèvres dont 200 sont des chèvres laitières présente bien des défis. Il faut 100 chèvres pour donner le même volume de lait qu’une vache. Puis, chaque femelle donne de deux à trois chevreaux qu’il faut nourrir à la bouteille. Il faut savoir que la chèvre est un animal fragile très sensible aux bactéries. « Au début, on a acheté une machine pour allaiter les chevreaux. On en perdait 30%. Maintenant, on retire le bébé dès sa naissance, il reçoit du colostrum pendant 24 heures puis c’est du lait en poudre donné à partir d’un seau équipé d’une tétine. Ça donne de bons résultats. Dans l’élevage des chèvres, il y a tellement de façons de voir et de faire les choses que c’est difficile de choisir la bonne solution », explique encore Chantal.
Cette aventure ils la vivent en famille et Dave et Chantal Lewington communiquent cette fierté à leurs quatre enfants : Caleb, Jacob, Olivia et Emma. Leur offrir un environnement sur la ferme est une valeur pour les parents. «Ils apprennent beaucoup de choses sur la vie. Ils ont une vue différente; une vision terre à terre. On ne les pousse pas trop fort, on les encourage. À Noël, on leur a donné chacun une chèvre dont ils pourront vendre les chevreaux mâles et garder l’argent. C’est bon pour leur enseigner la responsabilité. On le voit avec Jacob, qui a 13 ans et qui tient à ce que son chevreau soit bien soigné », conclut Chantal.