Les pays membres de l’Union européenne ont été incapables mardi ( le 18 octobre) d’entériner un ambitieux accord de libre-échange avec le Canada, mais ils gardent espoir de s’entendre d’ici à la semaine prochaine, quand le premier ministre Justin Trudeau doit se rendre en Europe pour la signature officielle.
Les leaders de l’UE prendront la relève après l’échec de leurs ministres du Commerce international, lors d’un sommet de deux jours qui débutera jeudi. Le ministre slovaque Peter Ziga a dit qu’il revient maintenant aux participants à ce sommet de régler les derniers problèmes.
Son homologue belge, Didier Reynders, a prévenu que son pays demeure divisé face à l’entente. Pour entrer en vigueur, l’accord doit obtenir l’appui de chacun des 28 pays de l’Union et celui de la Belgique est conditionnel à l’aval de chacun de ses trois gouvernements régionaux.
« Nous sommes seuls, a dit M. Reynders qui, tout comme une majorité de Belges, appuie l’accord. Nous avons l’appui de 27 membres (de l’UE). Je pourrais même dire de 27,5 ou de 27,6. »
Le gouvernement de la région francophone de la Wallonie, qui compte 3,5 millions d’habitants, a voté contre l’entente, la semaine dernière, estimant qu’elle menacerait les secteurs de l’agriculture et de l’industrie manufacturière. Les dirigeants belges et européens essaient maintenant de sauver une entente qui doit lier 500 millions d’Européens et 35 millions de Canadiens.
» C’est un moment très important, non seulement pour une politique très importante de l’UE, le commerce international, mais aussi pour la Belgique », a dit le ministre Reynders.
M. Trudeau est attendu à Bruxelles le 27 octobre pour parapher l’entente. La commissaire au Commerce de l’Union européenne, Cecilia Malmström, estime qu’il reste encore suffisamment de temps pour surmonter les objections belges « avant que le premier ministre
(Trudeau) n’achète ses billets depuis le Canada ».
L’UE craint pour sa réputation et sa crédibilité si une entente d’une telle ampleur est sabordée par une seule région au sein d’un État membre.
« Si nous ne pouvons nous entendre avec le Canada, avec qui nous entendrons-nous? Je ne comprends pas, a dit le ministre Ziga, qui présidait la rencontre. La Belgique compte parmi les pays qui ont construit l’Union dès le premier jour (quand le commerce était essentiel à la création du bloc). Je ne comprends tout simplement pas. »
La Wallonie craint que ses fermiers ne soient chassés du marché par des importations canadiennes peu dispendieuses. Elle redoute aussi que ses normes du travail ne soient rendues caduques.
Plusieurs Wallons croient également que l’Accord économique et commercial global (AÉCG) servira de modèle au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, une entente similaire avec les États-Unis qui, selon eux, pourrait mettre à mal leurs emplois et leurs normes environnementales.
L’Allemagne, la plus puissante économie d’Europe, s’est dite sûre que l’AÉCG sera éventuellement conclu, puisque seule la Belgique s’y oppose encore.
À Ottawa, la ministre du Commerce international Chrystia Freeland s’est elle aussi dite « prudemment optimiste », tout en rappelant que la balle est dans le camp de l’Europe.
L’entente devrait générer des milliards de dollars supplémentaires en échanges commerciaux en abaissant les tarifs et d’autres obstacles au commerce. L’UE assure que ses normes sociales, environnementales et du travail ne seront pas menacées.