L’industrie laitière américaine a déposé ses demandes en vue de la renégociation de l’ALÉNA, et elle réclame notamment une plus grande libéralisation du marché _ en particulier l’abolition des nouvelles règles canadiennes sur les produits dérivés du lait.
Ces demandes ont été présentées par écrit cette semaine au gouvernement américain, qui consulte actuellement les différentes industries en vue de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui doit s’amorcer en août. Ces demandes constituent un bon indicateur de ce que les négociateurs américains amèneront à la table, mais aussi de ce que les législateurs des États producteurs pourraient exiger avant d’accorder leur appui au nouvel accord.
Dans leur lettre de 15 pages, les producteurs laitiers américains précisent deux demandes majeures visant le Canada: l’abolition des nouvelles règles sur le lait diafiltré, et un accès plus large aux marchés canadiens _ plus large en tous cas que les 3,25 pour cent prévus par la première ébauche du Partenariat transpacifique.
L’industrie laitière américaine soutient que la renégociation de l’ALÉNA constitue l’ultime occasion d’ouvrir une fois pour toutes le marché nord-américain.
L’industrie laitière américaine ne semble pas cibler en priorité le système canadien de gestion de l’offre, mais plutôt la réglementation canadienne dans le secteur spécifique du lait diafiltré. Ottawa a permis que ce produit dérivé du lait, utilisé dans la fabrication de fromages, soit vendu moins cher au Canada _ au détriment, donc, des producteurs américains. C’est cette règle « très injuste » qu’avait dénoncée le président Donald Trump plus tôt cette année au Wisconsin, un État producteur de lait.
À l’époque, une grosse usine de transformation avait annoncé qu’elle n’achèterait plus le lait de quelques producteurs de cet État, attribuant la décision à la perte de clients canadiens pour ses produits. Mais selon certains analystes, le voisin du nord était utilisé à tort comme un bouc émissaire dans ce dossier. Le gouvernement du Wisconsin a finalement trouvé des marchés pour la plupart des producteurs en difficulté.
Peter Hardin, éditeur depuis des années au Wisconsin du magazine « The Milkweed », sur le commerce du lait, a récemment écrit dans une autre publication agricole de l’État un texte d’opinion intitulé: « N’accusez pas le Canada pour les déboires de l’industrie laitière: regardez plutôt dans votre propre cour ».
Selon M. Hardin, le problème des producteurs américains vient plutôt de la surproduction de lait aux États-Unis _ une hausse de 21,8 pour cent en quatre ans au Michigan, de 10,9 pour cent dans l’État de New York et de 7,6 pour cent au Wisconsin.