Depuis l’arrivée du programme de Proaction, l’industrie laitière canadienne mise davantage sur le bien-être des vaches laitières. En ce qui concerne le confort animal, un type d’étable se démarque en particulier : une étable avec une aire de couchage sur litière compostée. Afin d’encourager les producteurs laitiers à considérer ce genre d’étable, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO) a organisé un atelier sur le sujet qui a été offert récemment en divers endroits à travers la province. Pour ma part, j’ai assisté à celui de Richmond, dans la région d’Ottawa.Puisque ce type d’étable est encore assez rare dans la région, l’atelier a été mis sur pied afin d’informer les producteurs intéressés et de faciliter la visite d’une étable sur litière compostée.
Les nombreux participants ont assisté à plusieurs présentations données par des experts du MAAARO couvrant une panoplie de sujets, dont la science de base du compost, la santé du pis, la conception d’étable, la gestion du fumier et les coûts de production. « La stalle parfaite, qui a les dimensions optimales pour accommoder toutes les vaches, n’a pas encore été inventée », a déclaré Christoph Wand, spécialiste en production animale durable au MAAARO, « Les étables avec une aire de couchage sur litière compostée s’avèrent être, en quelques sortes, une solution à ce problème ». En effet, dans ce type d’étable complètement dépourvue de stalles, les vaches ont la liberté de se coucher n’importe où et n’importe comment sur l’aire de couchage. Le compost fournit à la fois un lit douillet pour le repos et une bonne surface non glissante pour faciliter la levée et les déplacements des animaux. En d’autres mots, c’est le système qui se rapproche le plus du pâturage sans toutefois être dehors. D’ailleurs, pour que ce genre de système soit efficace, ses composantes doivent répondre à des paramètres environnementaux contrôlés et faire l’objet d’une gestion attentive. Par exemple, le ratio carbone : nitrogène (litière : fumier) du mélange de composte et l’apport d’oxygène amené par le travail du compost doivent être à point afin d’assurer une chaleur et un taux d’humidité adéquats. Sans cela, de graves problèmes de santé au niveau du pis pourraient apparaître.
Selon Proaction l’espace requis par vache dans ce genre de système est de 120 pieds² (en incluant l’espace de l’allée d’alimentation et l’aire de couchage). « Ça fait de grosses étables! Par contre, la plupart des étables avec litière compostée sont conçues avec les mêmes dimensions qu’une étable à stabulation libre avec logettes. En conséquence, elles peuvent facilement être converties en cas d’expansion », a souligné Mario Mongeon, spécialiste en production animale du MAAARO, lors de sa présentation sur la conception d’étable. De plus, l’étable agit simultanément comme stockage de fumier puisque les excréments sont incorporés dans le compost quotidiennement, diminuant le volume de fumier liquide à entreposer. D’autre part, le compost s’avère un fertilisant stable et riche en nutriments et représente une option intéressante d’engrais.
Aussi, deux producteurs, John Bongers de Cooligan Creek Farms Inc. à Smith Falls et John Hill de TwinHill Farms à Richmond, ont partagé leurs expériences et répondu à quelques questions concernant la gestion de leur étable à litière compostée. Beaucoup de participants s’interrogeaient sur les risques d’augmentation des cellules somatiques et les possibilités, accrues ou non, de développement de mammite, le coût et l’accès aux matériaux de litière ainsi que le type de litière utilisée. « Puisqu’il n’y a pas encore beaucoup de recherche et d’étude entourant les étables à litière compostée, nous devons souvent approcher nos problèmes par essais et erreurs afin d’arriver à des solutions », a confié M. Hill. Mais malgré leurs défis, les deux producteurs étaient unanimes : « Mon étable est un environnement de travail agréable pour nous, les travailleurs, et pour nos vaches. C’est un système que j’apprécie énormément », a déclaré M. Bongers, appuyé de M. Hill. D’autres inquiétudes formulées par les participants comme la propreté des vaches ou la senteur dans un tel système ont été largement apaisées lors de la visite de TwinHill Farms qui a clôturé l’événement.
Un article sur les sujets est disponible sur le site du MAAARO auquel les gens peuvent accéder en suivant le lien: //bit.ly/2qqP6aP