Après 32 ans de carrière, l’agronome Daniel Tassé prendra sa retraite à la fin de juillet. Spécialiste en grandes cultures affecté au bureau du MAAARO de New Liskeard, Daniel s’est taillé une solide réputation auprès de la clientèle. Les producteurs du Témiskaming et de Cochrane ont pu compter à tout moment sur sa disponibilité. « On entend souvent dire que les choses n’avancent pas vite au gouvernement. Je me suis dit que je ferais ma part pour améliorer les choses et que les cultivateurs seraient satisfaits. Je travaillais avec les producteurs et pour les producteurs. C’était ma priorité », commente le futur retraité.
Si Daniel se désole des coupures progressives de services qu’il a pu observer au sein de l’appareil gouvernemental depuis une vingtaine d’années il se réjouit en revanche de certains avantages liés à la profession. Il reconnaît que d’avoir eu une voiture du ministère à disposition et des patrons ouverts a contribué à la flexibilité nécessaire pour mener à bien son travail incluant de nombreuses visites de fermes.
Et ce sont les cultivateurs qui en ont profité. « Je leur ai toujours offert d’aller à la ferme. Ils veulent te montrer ce qu’ils font. Être sur le plancher des vaches permet de comprendre beaucoup mieux ce que le cultivateur vit. Le diagnostic que tu fais dans le champ tient compte de toute la réalité », explique M. Tassé. Comme lui avait dit son mentor autrefois : « Le meilleur laboratoire : c’est dans le champ! »
Le travail de Daniel va au gré des saisons. Au printemps, il émet des recommandations sur les engrais et la planification des cultures. Plus tard, il discutera des conditions du sol à l’ensemencement et du calibrage du semoir. Les semaines passent, et arrive le temps du dépistage et du contrôle des mauvaises herbes. Son expertise est particulièrement précieuse pour les identifier très tôt au moment où ces herbes n’ont que deux feuilles. L’été s’annonce et c’est le temps de marcher dans les champs pour vérifier la présence d’insectes nuisibles, de maladies ou de carences. À l’automne, Daniel n’hésite pas à monter dans la moissonneuse-batteuse avec le cultivateur. « C’est le temps de dire aux cultivateurs : tu as un beau champ! Ils aiment ça l’entendre et j’écoute leur recette. Puis je la partage; c’est important parce qu’on veut tous que l’agriculture soit un succès. »
Au Témiskaming, Daniel Tassé est apprécié parce qu’il a compris que : « Si tu ne sors pas, tu ne sais pas vraiment. Pour être crédible, il faut y aller. » Il raconte qu’il choisit de circuler en campagne, question d’observer l’état des cultures. Il lui est souvent arrivé qu’un cultivateur qui reconnaît son véhicule l’appelle et l’invite à s’arrêter pour marcher un champ ou l’autre.
Au cours de sa carrière, Daniel a vu la transformation de l’agriculture au Témiskaming. Dans les derniers 10 ans, le nombre de fermes est passé de 471 à 356. Par contre leur surface augmente. Le nombre d’élevages de bovins est en chute libre (-50 %, surtout à cause de la crise de la vache folle). Le cheptel est passé de 7887 vaches en 2006 à 3759 en 2016. Il ne reste que 46 fermes laitières. Seule la production de lait de chèvre est en hausse. Il ne reste que deux élevages porcins. La tendance est aux cultures annuelles et au semis direct. Par conséquent, le pâturage diminue ainsi que la production de foin. Le Témiskaming a pris le virage technologique et de l’équipement de pointe. Par exemple, 140 fermes ont un tracteur de 140 forces ou plus contre 49 en 2016. Les cultures qui ont la faveur des agriculteurs sont le canola (25,405 acres en 2011), la fève soja (19,651 acres en 2016) et le blé (22,887 acres en 2016). Certaines cultures plus récentes gagnent en popularité comme le pois et le sarrasin. Une culture maraîchère prend de la vitesse alors que certaines compagnies du sud de la province découvrent l’abondance de riches terres noires de la région. La bonne nouvelle, depuis 10 ans, Plus de jeunes de moins de 35 ans (66 %) exploitent une ferme qu’il y a 10 ans.
Après un baccalauréat en Sciences agricoles générales, Daniel a continué sa formation à la ferme McDonald de l’Université McGill. Son premier emploi a été à North Bay où il a travaillé un an et demi dans le bœuf. Les cinq prochaines années se sont passées dans les grandes cultures. C’est à cette époque que Daniel a demandé à se rapprocher d’un lieu de recherche : la Station de recherche de New Liskeard. Il y est depuis 1992 en tant qu’agronome, la personne ressource du Nord pour les cultures. Daniel demeurera dans le Nord de l’Ontario à la retraite et s’installe dans la région de Chelmsford sur la rivière Vermillon. Bonne retraite Daniel; tu nous manqueras!