ÉDITORIAL – Les discussions entourant la renégociation des accords commerciaux ne sont pas prêtes de s’essouffler. Cela fait maintenant près d’un an que les États-Unis ont ramené le Canada et le Mexique à la table de négociation de l’ALENA avec très peu de résultats. Sur la scène mondiale, les hostilités commerciales ont rarement été aussi vives. La Chine, en réponse à des hausses de tarifs douaniers, ajoutera une taxe de 25% sur le soya américain. Les répercussions de ces négociations houleuses se font déjà sentir dans le domaine agricole avec une baisse du prix des grains. L’implantation de nouveaux tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium par nos voisins du sud a été la goutte qui fit déborder le vase pour le gouvernement canadien; il impose à son tour des tarifs pour une valeur de plus de 16 milliards de dollars envers certains produits américains.
À la suite de cette annonce faite par le gouvernement américain, on pouvait voir des chaines d’informations canadiennes interviewer des consommateurs qui se disaient prêts à boycotter les produits américains en guise de représailles. Et bien sûr, le panier d’épicerie est souvent le premier endroit où l’on regarde pour modifier la quantité d’achats de provenance étrangère.
D’une perspective agroalimentaire, ce boycott s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus grand; le consommateur veut changer le monde, un achat à la fois. Encourager l’économie locale, aider les entreprises familiales, permettre le commerce équitable, limiter son empreinte écologique, combattre le réchauffement climatique, s’assurer du bien-être animal et aider à combattre la résistance aux antibiotiques sont tous des exemples de causes auxquelles le consommateur est souvent prêt à participer parce qu’il veut contribuer à un meilleur monde.
Bien que l’initiative soit bonne, elle peut, dans certains cas, s’avérer inefficace. Il peut être très difficile de considérer les facteurs sociaux, commerciaux et environnementaux de ses achats. Faut-il choisir des fruits dits « biologiques » en provenance de l’Amérique du Sud ou bien les mêmes fruits produits localement selon des méthodes de culture conventionnelles? Ce choix peut être un casse-tête pour le consommateur.
Pour le consommateur ontarien, le critère qui devrait prédominer est l’achat local. Au Canada, la règlementation dans le domaine agroalimentaire nous permet d’avoir les aliments parmi les plus sécuritaires au monde, la grande majorité des fermes sont familiales et les normes du bien-être animal et environnemental sont règlementées et réévaluées à la hausse. C’est assez pour avoir la conscience tranquille.
Depuis quelques années, les Canadiens semblent porter une plus grande attention à ce qu’ils mangent. C’est la responsabilité du producteur, des associations et des transformateurs d’expliquer au public de quelle façon ils participent à une agriculture durable et à promouvoir les produits canadiens. On ne doit pas attendre des boycotts d’ordre économique pour changer nos habitudes d’achats de produits canadiens. Lors de votre prochaine épicerie, regardez attentivement et achetez les produits canadiens dont nous sommes si fiers!