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le Mercredi 1 avril 2020 8:15 Volume 37 Numéro 10 - Le 1er mai 2020

Changements pour la chèvre laitière de Hearst : Marie-Estella Richard s’accroche et modifie sa production!

Changements pour la chèvre laitière de Hearst : Marie-Estella Richard s’accroche et modifie sa production!
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Par Roxanne Lormand

Marie-Estella Richard, jeune entrepreneure dans l’âme, avait tout pour réussir avec son projet de La chèvre laitière de Hearst. Bien établie, elle commençait à voir une certaine rentabilité pour son entreprise de 400 chèvres laitières. Toutefois elle a dû rediriger ses activités et transformer ses installations en aire de repos pour les transports d’animaux ; un nouveau défi relevé avec brio.

La production de Marie-Estella allait bon train, son troupeau grandissant et un bon contact avec la Fromagerie Kapuskoise étaient en place afin d’écouler son lait de chèvre sur le marché. « La demande était bonne au début », admet Marie-Estella. « Je montais graduellement ma production et je commençais à être rentable avec plusieurs centaines de litres par semaine. »  Toutefois, c’était trop pour la fromagerie qui n’a pas été en mesure de trouver assez d’acheteurs pour écouler les stocks contrairement aux premières espérances de tous.

« Donc la fromagerie m’a mis une limite et j’ai réalisé rapidement que je ne pouvais pas juste vendre ce qu’on me demandait, car sinon il fallait que je jette du lait. » Plusieurs litres de lait ont même dû être jetés à l’occasion, ce qui ne plaisait pas à la productrice évidemment. Impossible donc d’attendre que la demande revienne peut-être dans un an ou deux, « car moi j’aurais fait un trou. »

Le revirement

« Quelqu’un m’a parlé d’un «live stock station» et comme quoi c’était très en demande. Donc j’y ai pensé, je me suis dit que je pourrais peut-être faire les deux et cela aiderait mon entreprise de chèvres à être plus rentable. » détaille Marie-Estella. Une idée qu’elle a vite mise de côté après s’être informée sur le sujet et avoir été visitée une autre aire de repos d’animaux en transit à Thunder Bay, The Barn. « J’ai vraiment vu à ce moment que c’était un travail à temps plein et que je devais choisir l’un ou l’autre. Comme l’autre entreprise était pas mal plus rentable que mes chèvres j’ai décidé de transformer mon entreprise en live stock station. » explique-t-elle.

La transformation aura pris six mois de travail. Elle s’est départie de ses 400 chèvres à partir de l’automne 2019, dont 300 qui se sont retrouvés directement chez un autre producteur de lait de chèvre. Les travaux de réaménagement de la ferme ont débuté par la suite. « Je n’ai pas eu besoin d’emprunter, on s’est pas mal débrouillé avec tout ce qu’on avait à la ferme et la vente du troupeau. »

L’entreprise Cattle Lodge est donc officiellement en marche depuis la fin de février 2020.

« Je peux accueillir des bovins et bétails comme des vaches, chevaux, chèvres, moutons et cochons. Les seuls que je n’accepte pas ce sont les bisons pour notre sécurité. »

Des nouveaux pensionnaires dont il faut bien s’occuper. « Une fois que les animaux sont rendus dans ma ferme, c’est ma responsabilité. C’est un «feed and water» [alimentation et eau], donc j’inclus la balle de foin et l’eau à volonté si c’est des vaches et si c’est des cochons c’est de la moulée et de l’eau. » décrit Marie-Estella.

Elle a dû bâtir sa clientèle et a donc contacté les différentes compagnies de transport d’animaux et camionneurs afin de leur faire savoir les servirces qu’elle offrait. Non seulement elle offre un endroit pour l’alimentation, l’abreuvement et le repos des animaux transportés, mais elle a aussi aménagé un endroit pour permettre aux camionneurs de manger et se doucher.

« Ça va super bien, mais avec le virus ça a diminué un peu […] mais là ça commence à remonter. »

Cattle Lodge est bien localisé pour les transports venant ou allant au Manitoba ou en Saskatchewan ou s’ils viennent du sud de l’Ontario ou du Québec. « De plus, je suis bien située, car je suis sur le Highway 11 donc ça leur donne un avantage. »

La jeune entreprise vient d’ailleurs d’obtenir un contrat avec la compagnie québécoise Olymel pour le porc. « Je suis toute certifiée pour accueillir des cochons » commente Marie-Estella et en ce moment c’est presque uniquement des cochons qu’elle reçoit comme pensionnaires. Puisqu’un abattoir au Québec a fermé et rouvert à faible capacité dernièrement en raison de la crise sanitaire, les producteurs de porc du sud de l’Ontario qui envoyait leurs bêtes au Québec doivent tous les envoyer en Alberta à un autre abattoir. « Donc cela veut dire qu’ils vont tous passer en avant de ma ferme et qu’ils vont arrêter. Ça représente une quinzaine de camions par semaine », souligne la jeune femme.

Des améliorations à venir ?

« J’aimerais ça avoir plus d’enclos pour avoir plus de camions en même temps ; par exemple l’aire de repos à Thunder Bay a 26 enclos ça veut dire qu’il peut en accueillir jusqu’à 26 camions à la fois. » Présentement, la station de Hearst de Marie-Estella en compte neuf. La propriétaire veut en construire plusieurs autres à l’extérieur pour permettre d’avoir plus de vaches en été. Elle va devoir aménager le tout pour s’assurer que les vaches et cochons ne puissent se mêler ou passer aux mêmes endroits. Les restrictions pour les porcs sont extrêmement strictes et les bêtes ne doivent pas se mélanger aux autres animaux, question de sécurité alimentaire. Les installations à l’intérieur de la ferme ont déjà été pensées en conséquence et ces derniers ne passent pas dans les mêmes endroits que les vaches ou les autres animaux par exemple.

Ainsi, Marie-Estella Richard souhaite apporter une aire de repos agréable et conforme à tous les transporteurs qui franchiront sa ferme. Malgré les pertes de revenus du lait de chèvre jeté et les six mois de rénovation sans revenu, elle a confiance que ce nouveau départ deviendra plus fructueux rapidement.