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le Mardi 6 avril 2021 11:32 Volume 38 Numéro 8 - Le 19 mars 2021

N, P, K et tout le tralala!

N, P, K et tout le tralala!
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Par : Jonathan Messerli, agr.,  M.Sc.Expert-conseil grandes cultures

Article possible grâce à la collaboration d’Uniag Coopérative

La fertilisation des cultures est maintenant bien comprise depuis plusieurs années. Tous les producteurs du Québec sont assistés par un agronome pour produire leur plan de fertilisation et nombreux sont ceux de l’Ontario qui s’entourent également d’un  professionnel. Toutefois, bien que le rôle des éléments primaires soit généralement bien saisi, celui de certains éléments secondaires ou mineurs est parfois vague.

Azote : Photosynthèse, rendement et protéines

L’azote est l’aliment de base des plantes. Une plante bien nourrie en azote pousse vite et prend une belle couleur vert foncé due à l’abondance de la chlorophylle. Puisque c’est dans les parties vertes, pleines de chlorophylle, que s’effectue la photosynthèse, on peut dire que l’azote est le pilier du rendement. De plus, c’est le composé principal des acides aminés, qui forment la base des protéines dans la plante.

Phosphore : Croissance, reproduction et précocité

Tout comme l’azote, le phosphore est un important facteur de croissance. Le développement racinaire, en particulier, est favorisé par une bonne nutrition en phosphore en début de saison, d’où l’intérêt de le localiser en bande proche de la semence. De plus, le phosphore active le démarrage en augmentant la résistance de la plante au froid et aux maladies. Aussi, il joue un rôle important dans la reproduction de la plante, entre autres dans la fécondation, la maturité et la migration des réserves. Le phosphore est également connu pour raccourcir le cycle végétatif.

Potassium : Sucres, tenue et santé

Il joue un rôle important dans la photosynthèse, en permettant la synthèse dans les feuilles des hydrates de carbone (sucres) et leur migration et accumulation dans les organes de réserve. C’est pourquoi on l’associe souvent à la survie à l’hiver dans les luzernes et à la saveur des aliments (entre autres, dans la pomme de terre et le raisin). De plus, le potassium stimule la production de cellulose et de lignine, ce qui donne une plus grande rigidité aux tissus et une meilleure résistance des céréales à la verse. Il aide aussi à la résistance aux maladies et aux insectes.

Soufre : Protéines, arômes et fixation d’azote

Le soufre est un constituant essentiel de deux acides aminés : la cystéine et la méthionine. Il joue donc un rôle important dans la production de protéines complètes. Chez les crucifères, il ajoute la couleur, la saveur et l’odeur distinctives de ces plantes, alors qu’il est impliqué dans la fixation de l’azote chez les légumineuses.

Magnésium : Chlorophylle et protéines

Le magnésium fait partie de la structure des molécules de chlorophylle, ce qui implique qu’une carence va réduire la photosynthèse. Il joue aussi un rôle essentiel dans la synthèse des protéines.

Calcium : Résistance des tissus

Nous sommes tellement habitués à considérer le rôle du calcium dans le sol que nous oublions parfois le rôle de celui-ci dans les plantes. La majorité du calcium se retrouve dans les parois cellulaires, ce qui lui confère le rôle de stabilisateur. Pour ainsi dire, il assure l’intégrité de la membrane cellulaire, tout en assurant sa perméabilité.

Fer : Chlorophylle

Les carences en fer sont peu communes dans nos régions, à l’exception des terres noires. Le fer n’en demeure pas moins un élément indispensable entrant dans la synthèse de la chlorophylle.

Manganèse : Enzymes

Un chaulage excessif peut entraîner une carence en manganèse chez les cultures exigeantes, dont les céréales, les haricots et le soya. De plus, le manganèse disponible diminue avec l’aération  du  sol, ce  qui peut induire une carence dans les sols travaillés et bien drainés. Le manganèse joue notamment un rôle dans l’activité de divers enzymes. Il est impliqué dans la photosynthèse et dans la production de la chlorophylle.

Cuivre : Chlorophylle

Étant fortement lié à la matière organique, il est plus commun de trouver des carences de cuivre dans les sols très sableux riches en matière organique et dans les terres noires, dans lesquelles il est pratiquement impossible de cultiver des plantes sans une fertilisation adéquate en cuivre. Dans les grandes cultures, les céréales et la luzerne sont les plus sensibles. Le cuivre joue un rôle dans la production de la chlorophylle où il agit comme catalyseur de certains enzymes.

Zinc : Croissance et production des sucres

Les carences en zinc apparaissent le plus souvent dans les sols légers où le pH est élevé. Aussi, l’application d’une forte dose d’un démarreur à base de phosphore dans des sols déjà riches peut en induire une carence. Il est également possible que des carences apparaissent à la suite d’un nivelage sévère, puisque les couches inférieures du sol en sont moins bien pourvues. Le zinc est important pour la croissance initiale et la production des hydrates de carbone. Le maïs en est une culture particulièrement exigeante.

Bore : Croissance racinaire et pollinisation

Le bore est un élément qui se lessive et qui, par conséquent, est souvent déficient dans nos sols. Toutefois, la prudence est de mise, car les cultures varient grandement dans leur niveau de tolérance au bore. Certaines cultures en sont néanmoins très exigeantes, dont la luzerne. Il est important pour la croissance racinaire, en plus de jouer un rôle dans la pollinisation et le développement des graines.

Molybdène : Bactéries fixatrices d’azote

Le molybdène est le seul élément dont la  disponibilité  augmente avec le pH du sol. Les seuls endroits où il est probable de voir des carences est donc dans les sols où le pH est inférieur à 6,0 où poussent des légumineuses. En effet,  le  molybdène  est  indispensable  pour  le bon fonctionnement des bactéries fixatrices d’azote. Il est aussi responsable de la réduction des nitrates, ce qui signifie qu’en situation de carence, il y a une diminution de la teneur en acides aminés dans les plantes.

En conclusion, n’oublions  pas qu’un  sol en santé permettra d’éviter  la plupart des carences. Il semble parfois plus facile d’appliquer une fertilisation minérale. Néanmoins, il faudra recommencer à chaque année si le problème réel en est plutôt un de drainage, de structure de sol, de pH, etc. La fertilisation minérale ne se veut qu’un outil pour optimiser la rentabilité des cultures et chaque application doit être justifiée autant du point de vue agronomique qu’économique. À ce titre, la précision dans l’épandage peut aider à optimiser la fertilisation et également contribuer à réduire l’impact sur l’environnement.