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le Vendredi 21 juillet 2023 13:24 Alimentation

Les salines

Mathieu Lafleur, propriétaire du Pronature Rockland, à gauche — Pronature Rockland
Mathieu Lafleur, propriétaire du Pronature Rockland, à gauche
Pronature Rockland
Nous avons presque tous déjà vu sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes de vidéos amateures des séquences de bêtes sauvages qui viennent se nourrir ou s’abreuver, souvent la nuit. Eh bien en général, ce n’est pas le fruit du hasard qui a amené les bêtes devant la caméra, mais plutôt les salines…
Les salines
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Par contre, tout le monde ne sait pas ce que c’est que “les salines”. « Les salines, pour les animaux, c’est comme quand nous on prend des vitamines et minéraux », nous résume Mathieu Lafleur, propriétaire de la boutique d’articles de chasse et pêche Pronature Rockland. En effet, les chevreuils et les orignaux ont besoin de beaucoup de minéraux, qui favorisent notamment la croissance des bois chez les mâles et qui aident la lactation chez les femelles.

Mais de l’avis de certains, ils ne trouvent pas toujours la quantité optimale dans la nature, selon les environnements. Les propriétaires de grandes terres ont donc souvent l’habitude de préparer des salines, c’est-à-dire offrir aux bêtes un petit espace où ils pourront venir ajouter à leur diète ce qui pourrait leur manquer.

« C’est seulement des sels ajoutés sur le sol ou sur une souche. Le chevreuil ou l’orignal va visiter cet endroit au besoin », ajoute M. Lafleur. Et souvent, c’est aussi près de la saline que les amateurs vont placer leur caméra infrarouge, celle qui va capter ces amusantes vidéos que l’on regarde avec bonheur.

Pour M. Jean Saint-Pierre, de l’Association Boisé Est, l’animal « devrait avoir tous les éléments nutritifs dans son alimentation naturelle, et non par l’entremise des humains ». Quoi qu’il en soit, si on considère les salines comme une sorte d’appât pour les clichés ou pour la chasse, elles sont certainement moins néfastes que de laisser de la nourriture aux bêtes.

M. Saint-Pierre rappelle que ce sont des animaux sauvages, intégrés à un écosystème et que de déposer des pommes ou des épis de maïs sur des sites n’aide en rien les bêtes. « Cela va modifier leurs comportements et leur créer une dépendance envers la nourriture qui provient des humains », mentionne-t-il. Là-dessus, M. Lafleur est du même avis: « l’animal est supposé être capable de se procurer lui-même son manger ».

Et c’est sans compter que cela peut encourager la surpopulation d’herbivores, ce qui a un effet néfaste sur la forêt elle-même. « Le chevreuil fait partie d’un écosystème en équilibre. On a tellement modifié l’équilibre dans nos forêts, la couverture forestière est réduite de beaucoup, dans l’Est de l’Ontario… les chevreuils peuvent endommager la forêt et même empêcher la reforestation naturelle », précise M. Saint-Pierre.

Ainsi, si certains veulent simplement observer les animaux qui passent sur leur terre avec une caméra qui prendra des photos et pourra même envoyer des notifications sur leur téléphone, il y en a plusieurs qui souhaitent surtout commencer à savoir quelles bêtes sont sur le territoire en préparant leur chasse de l’automne.

Et dans une perspective de contrôle des populations des herbivores comme les chevreuils, une pratique responsable de la chasse peut s’intégrer dans un effort de respect de l’écosystème, parmi d’autres mesures. Retrouver un équilibre est primordial.

Pour certains, la chasse est un savoir-faire qui repose sur la patience, l’observation de visu, la compréhension de l’animal et du territoire. Pour d’autres, si la technologie peut leur permettre d’augmenter leurs chances d’attraper un animal, ils l’utiliseront. Et certains encore vont à la chasse à l’image, simplement, et aiment admirer les bêtes qui passent tout près de leur demeure. Quoi qu’il en soit, le matériel de chasse se vend encore très bien et les caméras de chasse demeurent un des plus gros vendeurs en boutique.

IJL – Réseau.Presse – Agricom