Cela fait maintenant huit ans que Lucille s’est lancée dans l’aventure de la truffe. Elle y a mis du temps, elle y a mis de la sueur et elle y a mis de la passion. Parce que le démarrage d’une truffière met huit à dix ans avant de porter ses fruits, en moyenne.
Au départ, « mon terrain, c’était un champ », raconte-t-elle. « J’ai changé le pH de mon sol, je l’ai rendu favorable ». Maintenant, le champ, c’est un boisé de 750 arbres dont Lucille est très fière. Des noisetiers et des chênes qu’elle a tous lancés de zéro, dans sa cave, et plantés à la main: ses bébés!
C’est sur leurs racines qu’elle a pratiqué l’inoculation des champignons à la saveur réputée bien particulière. Mais cela ne nuit en rien aux arbres, au contraire. Jean Saint-Pierre, de Boisé Est, nous explique comment les champignons peuvent être utiles aux arbres, même si parfois ils les rendent malades. « Les champignons en dessous de la terre (comme les truffes), leur fonction est essentielle. Il existe un partenariat entre les deux, l’arbre et le champignon, c’est ce qu’on appelle une relation de symbiose, en biologie ».
« Les champignons mycorhiziens ont la capacité de scinder les éléments nutritifs et de les rendre disponibles pour les arbres », ajoute-t-il. En plus, comme nous le détaille Lucille, les truffes ont des racines toutes fines, « comme des petits filaments » qui vont capter les oligo-éléments et « aussitôt que le champignon va chercher les éléments, il les passe à l’arbre et l’arbre, après, envoie sa sève au champignon ». Cette relation d’entraide entre espèces de la flore est exemplaire et pourrait bien inspirer les humains.
À la récolte de l’an dernier, Lucille a enfin pu ramasser quelques truffes, mais encore peu. Il faut dire aussi que les dernières années ont été très sèches et que les truffes ont besoin d’un bon taux d’humidité au sol. Alors tous les espoirs sont permis pour la récolte de l’automne 2023, puisque les pluies ont été nombreuses, parfois même diluviennes. La terre est mouillée. « J’ai ben hâte de voir ce que j’aurai comme production ! », lance Lucille avec enthousiasme.
Il est vrai que tout le labeur qu’elle a mis dans ce projet, portée par sa passion et son espoir de créer une véritable truffière sur un sol auparavant inhospitalier mériterait d’être enfin récompensé. Et pour Lucille… et pour les papilles gustatives des amateurs de truffes.
IJL – Réseau.Presse – Agricom