Prix stables: pas une loi, mais…
De nombreux consommateurs ont dénoncé la flambée des prix des aliments notée en 2023. Pour répondre à cette préoccupation, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, encourage la mise sur pied d’un code des épiciers. L’initiative, sur une base volontaire, aiderait selon lui à assurer une stabilité du prix des aliments en augmentant la concurrence dans les secteurs de la distribution et de la transformation alimentaire canadienne. Bien que la suggestion ait été généralement bien reçue, certaines chaînes telles que Walmart et Loblaws ont annoncé qu’elles n’adhèreront pas à ce code de conduite, selon l’Association Food, Health & Consumer Products of Canada.
Faux scandale
Les géants de l’alimentation se sont-ils enrichis indûment sur le dos des Canadiens en pratiquant des hausses de prix excessives? Le sujet a suscité de nombreux débats, attaques et accusations. Toutefois, la Banque du Canada, le Bureau de la concurrence du Canada, l’Université de Dalhousie et le Comité parlementaire ont tous affirmé qu’il n’y avait aucune preuve d’abus; ces chiens de garde des consommateurs concluent à un faux scandale. Selon eux, d’autres éléments économiques importants peuvent expliquer la hausse des prix, tels que les barrières interprovinciales, la tarification du carbone et le projet de loi C-234.
Du pain aux amendes… record
Malgré ce qui précède, certains acteurs du domaine de l’alimentation se font parfois attraper la main dans le sac de pain. Huit ans après avoir initié l’enquête sur la fixation des prix du pain, le géant Canada Bread, appartenant maintenant à l’entreprise mexicaine Grupo Bimbo, a été reconnu coupable dans deux incidents en lien avec la fixation des prix du pain en 2007 et en 2011. Mentionnons que Canada Bread appartenait à l’entreprise Maple Leaf Foods à l’époque. Grupo Bimbo fait face à une amende record de 50 millions de dollars, l’une des plus lourdes sanctions jamais imposées au Canada pour la fixation des prix. Les entreprises Loblaws et Weston Bakeries ont admis leur implication dans ce scandale. Rappelons que Sobeys, Métro, Walmart et Giant Tiger font l’objet d’une enquête similaire.
Les hauts et bas de l’inflation
Il n’y a pas que le prix à la caisse qui fasse grincer des dents! Il a été possible de constater le mécontentement des consommateurs par une autre pratique en plein essor l’an dernier. La réduflation consiste à réduire les quantités offertes sans réduire les prix. La déqualiflation, quant à elle, survient quand l’on modifie les ingrédients des aliments afin de réduire les coûts, en les remplaçant par certains ingrédients artificiels. En raison de la baisse des prix des matières premières prévue cette année, les cas de réduflation devraient diminuer. Par conséquent, les cas de déqualiflation devraient, quant à eux, continuer à augmenter en raison des règles d’étiquetage qui seront en vigueur au Canada d’ici 2026.
Autorisation canadienne de l’édition génétique
Le 3 mai 2023, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (Acia) a mis à jour ses lignes directrices qui servent à déterminer quels végétaux issus de modification génétique doivent faire l’objet d’une autorisation avant d’être disséminés. L’édition génétique alimentaire s’appuie sur l’utilisation de techniques telles que les Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats (CRISPR) afin de modifier l’ADN des micro-organismes, des plantes et des animaux. L’édition génétique, contrairement aux OGM, permet aux scientifiques de modifier de façon spécifique le génome d’un organisme afin d’optimiser sa valeur nutritionnelle, sa résistance aux maladies, etc. Elle permet également l’amélioration du goût, de l’apparence et de la durée de conservation. Cette édition génétique aura une fonction environnementale importante sur l’agriculture et sur les agriculteurs pour s’ajuster aux défis climatiques.
Du poulet de laboratoire
Aux États-Unis, l’industrie de la viande cultivée a franchi une étape importante: le Département américain de l’agriculture (USDA) a accordé l’approbation réglementaire aux entreprises GOOD Meat et UPSIDE Foods pour la gestion commerciale de leurs produits à base de poulet cultivé au pays. Il s’agit du second pays à accorder la commercialisation de la viande cultivée produite à l’aide de cellules animales développées en laboratoire. La méthode permet de diminuer les défis environnementaux et d’offrir une approche plus éthique concernant la consommation traditionnelle de la viande. En raison du cadre réglementaire canadien gouvernant la production laitière, la volaille, les œufs et les sources de protéines animales, la viande cultivée n’est pas encore approuvée au Canada.
Grèves de longue durée dans le secteur alimentaire
L’année 2023 a été marquée par de nombreuses grèves de longue durée, selon Développement économique et social du Canada. Windsor Salt, Sobeys/IGA, Métro, Olymel, l’usine Rogers Sugar, la Voie maritime du Saint-Laurent, les ports de la Colombie-Britannique ainsi que Agropur ont été touchés à deux reprises par des conflits de travail. Le mouvement syndical, après plusieurs années difficiles, semble avoir gagné en capital politique. « Fait intéressant, il y a eu aussi une augmentation des membres rejetant des accords provisoires, ce qui indique que les travailleurs voulaient faire entendre leur voix », souligne Sylvain Charlebois, professeur titulaire à la Faculté en management et en agriculture de l’Université Dalhousie.
IJL – Réseau.Presse – Agricom