Le conflit portait notamment sur la question salariale, la couverture dentaire et des modifications du droit à l’invalidité de courte durée. L’usine de Guelph est la troisième plus grande usine de transformation de bœuf au pays et ses 960 travailleurs traitent 1 500 animaux par jour, en provenance essentiellement de l’Est canadien. On estime qu’environ 90% du bœuf ontarien y est acheminé.
Une importance relative
Durant sa fermeture, les éleveurs avaient peu d’options puisque la plupart des petits abattoirs ont fermé leurs portes au fil des ans. Beef Farmers of Ontario (BFO) a d’ailleurs remercié les entreprises ayant permis le transport des animaux à d’autres installations, ainsi que tous ceux qui ont aidé les agriculteurs du secteur durant les dernières semaines.
Le directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, estime que le conflit aura surtout permis de mettre en lumière une certaine vulnérabilité de Cargill malgré son importance: « Les acheteurs ont pu se réajuster rapidement et importer du bœuf des États-Unis et même du Mexique et de l’Uruguay », dit-il.
Pour les producteurs, la réouverture est une bonne nouvelle puisqu’au-delà des frais supplémentaires de transport pour conduire le bétail ailleurs, ils ont dû nourrir leurs bêtes plus longtemps et engendrer des coûts supplémentaires.
À l’échelle canadienne, soulignons que l’Alberta arrive au premier rang des producteurs bovins. Ses quelque 5,5 millions de bœufs produits annuellement éclipsent l’Ontario (moyenne annuelle de 1,6 millions de têtes) et représentent près de la moitié du bétail consommé au Canada.
Marge de manœuvre?
Cargill est une entreprise américaine. Elle a généré des revenus annuels dépassant 170 milliards de dollars en 2023. Or, les bénéfices nets ne s’élèvent qu’à un peu moins de quatre milliards de dollars la même année. Sylvain Charlebois y voit un exemple démontrant à quel point la perception populaire est erronée lorsqu’on parle des marges bénéficiaires, qui selon lui, sont généralement faibles dans l’industrie alimentaire.
Pour autant, l’entreprise n’est pas au bout de ses peines: ses travailleurs de Calgary ont voté le 8 juillet sur l’offre patronale. La décision est attendue pour le 10 juillet. Un mandat de grève a déjà été accordé par les employés.
IJL – Réseau.Presse – Agricom