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le Vendredi 28 juillet 2023 13:47 Chronique

Être patient, une vertu qui est dure sur les nerfs!

Le 13 juillet, les vents forts ont couché jusqu'à 40 % de nos superficies en blé.  — photo : Sandra Clément
Le 13 juillet, les vents forts ont couché jusqu'à 40 % de nos superficies en blé.
photo : Sandra Clément
Une fois les semis en terre, notre travail comme agriculteurs et agricultrices consiste à protéger les cultures du mieux qu’on peut. La météo devient alors notre meilleure amie… ou notre pire ennemie!
Être patient, une vertu qui est dure sur les nerfs!
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Le 13 juillet dernier, des coups de vent sont venus coucher une partie de notre blé. C’était pas beau à voir. Ce n’est qu’un exemple de comment la météo peut subitement provoquer des dégâts.

La météo affecte le développement des maladies et des ravageurs. Elle peut favoriser l’utilisation des engrais comme elle peut nuire à l’application et l’efficacité des produits de protection.

L’attente de voir les cultures sortir de terre est particulièrement angoissante. Pour ceux et celles qui ont conduit la machinerie pour ensemencer tous ces grands champs à mille grains l’acre, le stress embarque: j’ai-tu bien calibré? j’ai-tu oublié de vérifier tel ou tel ajustement?

Les équipements d’agriculture de précision améliorent nos façons de travailler, mais ne nous enlèvent pas toute la pression d’éviter les erreurs. L’automatisation, ce n’est pas une garantie contre les erreurs humaines!

Lorsque les cultures commencent à sortir, on peut vite commencer à identifier les éléments qui ont bien fonctionné et ceux qui doivent être améliorés pour les prochaines saisons. Le taux de semis, la profondeur de semis, l’humidité du sol et mille autres détails peuvent affecter l’émergence.

S-v-p, pas de météo extrême!

Le mois qui suit les semences n’est pas ma période préférée. On ne veut pas de gel. On veut d’la chaleur, mais pas une sécheresse. On veut qu’il mouille, mais pas trop! Laissez-moi vous dire que cette année, on en voit de toutes les couleurs!

Il faut surveiller nos cultures pour détecter tout signe de maladie, de ravageurs ou de problèmes de croissance. Il est important d’intervenir rapidement afin de prévenir ou de minimiser les impacts sur le rendement.

Plus tôt en saison, si une culture a été affectée par le gel, par exemple, on doit vite décider si on la laisse reprendre tranquillement, ou si on la détruit et on resème. C’est toujours une décision crève-cœur pour moi!

Dommage dans le blé

À l’approche du mois d’août, les cultures sont déjà très avancées. Elles ont déjà subi beaucoup de stress avec la météo de cet été.

D’un côté de la route, le blé affecté par les grandes vents du 13 juillet, de l’autre, du maïs qui croît à merveille!

photo : Sandra Clément

Certaines régions ont reçu trop de pluie, d’autres pas assez. Le 13 juillet, un gros coup de vent s’est abattu sur nos champs, lors de l’avis de tornade. Chez nous, le blé de printemps s’est écrasé sur environ 40 % des superficies. Chez d’autres, c’est le maïs qui a été affecté.

Et là, on nous répète : «Eille, ç’a pas d’allure, votre blé est tout écrasé! Qu’est-ce que vous allez faire avec ça?»

Pour l’instant, nous allons attendre que le blé arrive à maturité pour le récolter du mieux qu’on peut. Des pertes? Surement! Faut pas se décourager! Avez-vous regardé de l’autre côté du chemin? Notre maïs est tellement beau! Et que dire du soya! Il est tout dodu!

Oui, ça nous arrache le cœur de voir nos cultures endommagées. Il faut le vivre pour le comprendre. On se sent vulnérable, on devient facilement négatifs, mais il faut vite s’en remettre! Comme je dis à mes filles: «Suck it up, butter cup!»

Tellement d’effort est mis pour chaque champ. Quand il est affecté par peu importe la raison, c’est comme un enfant qui est malade, on veut tout faire pour le voir se sentir mieux. On doit être patient!

Mais être patient, c’est dur sur les nerfs!