Êtes-vous comme moi, un peu tannée de toujours entendre parler d’anxiété, du stress en agriculture, de la « charge mentale » et de tout le bla-bla qui fait qu’on dirait que l’anxiété est la maladie contagieuse du siècle?
Comme ma mère dirait : dans notre temps, tu n’entendais pas ces mots-là. La santé mentale, c’était tabou et on savait même pas ce que c’était.
Dans les années 1990 et au début 2000, j’étais peut-être en train de faire mes folies de jeunesse, mais je ne me souviens pas d’avoir entendu parler d’anxiété en général ou parmi les agriculteurs.
En 2024, c’est partout! J’ai l’impression qu’à force de lire sur l’anxiété ou d’en entendre parler, on finit par l’attraper! On devient anxieux de devenir anxieux. On devient stressé à force d’avoir peur d’être stressé.
Je dois admettre que l’anxiété est une grande réalité. Il faut s’y faire, s’aider soi-même et aider les autres.
En agriculture, le stress et l’anxiété, c’est pas seulement pendant la saison des gros travaux. C’est aussi l’hiver. C’est le jour, la nuit… même en vacances.
Anxiété agricole
En agriculture, on vit constamment de l’incertitude : la météo et son impact sur nos récoltes, les prix des grains et des intrants, les maladies des plantes, la conciliation travail-famille, les taux d’intérêt, les changements climatiques…. Alouette!
Il y a des façons de gérer l’anxiété de manière positive et d’arrêter la rumination excessive. Je ne suis pas psychologue, ni thérapeute ou autre professionnel avec des diplômes affichés dans son bureau. Mais en tant que femme, mère et agricultrice, j’ai appris comment envoyer se reposer ce hamster arrogant qui veut toujours courir dans ma tête. Voici quelques trucs.
Pratiquer la méditation pleine conscience
Faire l’effort de me concentrer sur le moment présent peut m’aider à interrompre la rumination mentale.
Exemple : sur la plage en vacances, j’ai tendance à repasser ma liste de chose à faire à la maison et à la ferme. Je dois alors revenir dans mon moment présent. Assise confortablement sur le sable, j’observe les vagues qui viennent et qui s’en vont. J’observe la nature qui m’entoure et je prête attention aux détails. J’inspire à fond, pour sentir les odeurs. Tout ce que je perçois à ce moment-là, je le garde en souvenir pour m’en servir de retour à notre ferme à Embrun.
Ces beaux moments, ce sont mes « lieux de bonheur », mes happy places. Quand je sens que l’anxiété et le stress me rattrapent, je retourne dans ma tête à ces lieux de bonheur.
Il n’est pas nécessaire de prendre l’avion pour se trouver un lieu de bonheur. Il suffit de penser à de belles choses, de beaux moments qui nous apportent un bonheur intérieur.
Établir ses limites
Fixez-vous des limites claires pour le travail et le repos. Réservez-vous du temps pour vous détendre et vous ressourcer.
Un des meilleurs moyens de se reposer, c’est d’avoir des loisirs qui nous absorbent, qui font qu’on ne pense à rien d’autre.
J’ai appris de mon côté que de m’étendre sur le divan pour faire un repos, souvent ça m’épuise! J’ai tendance à mettre à penser à ce que je devrais faire au lieu de me reposer véritablement.
Communiquer efficacement
Ici encore, plus facile à dire qu’à faire. Juste de chercher des moyens de mieux communiquer avec les autres, ça peut être stressant. Mais quand on arrive à mettre les bons mots sur ce que l’on ressent et à mieux en parler avec nos proches, le stress diminue. Faut pas avoir peur de consulter un professionnel pour nous guider.
Voilà! Je n’ai pas de diplômes universitaires, mais j’ai la sagesse d’une agricultrice. Et non, je n’élève pas de hamsters!