Je ne suis pas docteure, je suis plutôt une productrice agricole de grandes cultures, alors je vais vous l’expliquer dans mon langage. Nous sommes venus à comprendre le concept, le mettre en pratique et voir les résultats après plusieurs années d’essais, de formations, de conférences et de partage avec d’autres producteurs. Si vous voyez les grands titres seulement depuis les dernières années, je peux vous assurer que de notre côté, la sensibilisation se fait déjà depuis longtemps auprès des producteurs.
Redonner à la terre
Prenons les cultures de couverture. Pour certaines terres qui sont sablonneuses, on a pensé essayer les cultures de couverture après les récoltes de soya qui était hâtives à l’automne. Le résultat étant bon, nous avons continué et quelques années plus tard, nous avons introduit le blé dans la rotation, un autre essai qui continue d’année en année. Après la récolte de blé, la paille est laissée aux champs. Pourquoi ne pas la revendre? Comme nous n’avons plus autant accès au fumier qu’avant, au lieu de vendre la paille et mettre l’argent ailleurs, la laisser au champ nous donne de la matière organique. On peut appeler ça un recyclage de résidus. Et c’est la même pratique avec les résidus de maïs et de soya.
Nous avons introduit la méthode des 4B depuis déjà quelques années. Le bon produit, la bonne dose, au bon moment et au bon endroit! Voici un lien pour vous informer davantage:
https://fertilizercanada.ca/fr/notre-priorite/gerance/gerance-des-nutriments-4b/
Bandes riveraines
Nous avons ajouté et élargi des bandes riveraines. En d’autres mots, on a effectué des réductions de superficie volontaires. Les bandes riveraines se trouvent de chaque côté des cours d’eau. Les protéger permet de réduire la perte de sol par ruissellement, parce qu’elles empêchent l’eau de surface ou de pluie d’entraîner les particules de sol dans les cours d’eau. Les bandes retiennent les sédiments, elles préviennent aussi les problèmes d’écrasement des rives et l’obstruction de nos systèmes de drainage souterrain.
Bref, ça fait plein de petite magie pis c’est beau surtout quand j’y ajoute des fleurs de champs ou simplement des tournesols. Les abeilles, les papillons, les oiseaux se donnent un plaisir fou dans cette belle biodiversité!
Touche pas à ma terre
On travaille moins les sols, mais pourquoi? Pour aider à la biodiversité du sol, car le travail mécanique peut éventuellement détruire les espaces de vie de nombreuses espèces. Moins de labour = plus de vie dans le sol, plus de fertilité et meilleures cultures à long terme. En plus de réduire nos coûts de consommation de carburant! Toutes ces nouvelles pratiques durables nous permettent de diminuer la quantité d’herbicides, de pesticides et les fertilisants en plus de réduire considérablement les émissions de carbone contenu dans le sol.
Mais il y a un prix à payer: tous ces changements augmentent les tâches de mes collègues, en plus d’affecter les dépenses et les revenus. Et que dire de toute la paperasse qui vient avec ces changements! Mes cheveux frisent plus que jamais à force de me brûler les neurones avec la paperasse. Mais ce sont de bons changements. Peut-être pas pour mes cheveux, mais pour les champs!
Notre ferme apporte une résilience et une durabilité pour les générations à venir. On peut aussi remarquer, à petites doses, des rendements qui s’améliorent, des plantes plus aptes à résister aux intempéries et nos sols qui respirent de plus en plus! Notre responsabilité envers un environnement résilient et durable met une grosse pression sur nous, les producteurs!
Vous chère lecteur/lectrices, agriculteur ou non, vous faite quoi de votre côté pour
apporter un environnement plus résilient et durable pour aider à rendre meilleures nos pratiques? Regardez autour de vous dans votre quotidien, il y a beaucoup de changements simples à adopter pour le développement durable. Vous aussi vous pouvez avoir besoin d’être guidé. Si vous ne savez pas par où commencer, vous n’avez qu’à googler, aller sur les réseaux sociaux pour les bonnes raisons et faites vos recherches. Informez-vous! Et rappelez-vous: la résilience et la durabilité vont bien au-delà des apparences. Il faut des gestes concrets!