Quand les abeilles tombent comme des mouches.
Les abeilles se réveillent en même temps que le printemps. Tammy-Lyne, de la miellerie Miel l’été doré, vit un cauchemar depuis 2 semaines. 70 % de ses abeilles n’ont pas survécu à l’hiver. Partout en Ontario et au Québec, les taux de mortalité frôlent les 50 à 80 %. C’est une année record. Le désarroi de Tammy-Lyne traverse le téléphone.
Les changements climatiques peuvent être en partie responsables. Dans les dernières années, 30 % de mortalité hivernale est devenue la norme. Des hivers qui valsent entre le froid glacial et une douceur printanière font entrer l’humidité dans les ruches. Ces conditions sont propices au développement de champignons parasitaires qui peuvent attaquer les abeilles.
Mais pour des abeilles conservées dans des caveaux protégés des intempéries, comme pour les ruches de Miel l’été doré, l’hiver n’est pas à pointer du doigt.
Russell Gibbs et Andrea Glenn de Gibb’s Honey estiment avoir perdu 45 % de leurs abeilles. Selon les apiculteurs, cette hécatombe résulte d’un triumvirat mortel :
Les parasites (comme le Varroa) développent une résistance aux traitements, les hivers déréglés et… les pesticides qui empoisonnent les abeilles
En fait, ce que les apiculteurs constatent est le résultat de l’été dernier. Ici, les abeilles ont quelques mois seulement pour se remettre de leur hiver et préparer leur hibernation. Le problème est qu’elles n’ont plus beaucoup de lieux pour chercher du pollen ou du nectar.
Les larges exploitations agricoles ou animales et les pesticides réduisent leurs possibilités de butinage. Elles mangent moins et doivent parcourir plus de territoire pour le faire.
Le système immunitaire de l’abeille est alors fragilisé à un point où pendant leur hibernation, elles ne peuvent pas combattre les parasites. Les parasites sont plus résistants aux traitements. Le combat est inégal et les abeilles ne se réveillent pas.
La suite des choses
Miel l’été doré produit des d’abeilles et développe des colonies. Non seulement, les abeilles ne pourront pas produire autant de miel, mais en plus l’élevage habituel devra servir à relever leur propre colonie et ne pourront pas autant vendre leurs nouvelles abeilles à leurs voisins. Eux aussi sont pris avec des taux de mortalité effarants.
Stewart’s Honey rapporte qu’avant même l’hiver les apiculteurs déclaraient des taux de mortalité d’abeilles jamais vus. La saison de productivité des abeilles est si courte qu’il est impossible pour les apiculteurs de relever et de produire assez d’abeilles pour la demande ontarienne. Bon an, mal an, les apiculteurs dépendent de colonies importées d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Californie.