C’est pourtant le rêve un peu fou que vient de concrétiser le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), avec l’ouverture le 6 septembre du nouveau Centre agro-éducatif. Il s’agit d’une première: d’autres institutions scolaires ont accès à un centre d’apprentissage en plein air, mais c’est le seul à offrir une incursion dans la vie sur une ferme.
Faire l’école à la ferme
Grâce à une entente de location avec les propriétaires d’une entreprise agricole de Navan, les élèves de la maternelle à la 12e année ont la chance de développer une compréhension approfondie des écosystèmes et des processus naturels en temps réel et sous leurs yeux.
« Les étudiants peuvent prendre soin des petits animaux sur place, dont des lapins, des poules, des moutons, un âne et un poney », explique le surintendant à l’éducation au CECCE, Jean-François Bard. « Ils font des randonnées en nature, découvrent des insectes, voient l’incubation de poussins, assistent à des ateliers de survie (construction d’abris, techniques de nœuds, sécurité des feux), ils prennent part à la préparation du jardin de la semence à la récolte et beaucoup plus! »
Mais quel rapport avec les mathématiques et le français? « Mesurer un bâtiment ou une clôture, étudier différentes sortes de sols, de plantes, tout est utilisé de manière ludique, mais dans un cadre d’apprentissage » affirme la copropriétaire du Centre, Gabrielle Perrault. Enseignante à l’école La Source, elle est la petite-fille de Denis Perrault, qui, octogénaire, continue de s’occuper de son vignoble et traire ses vaches.
Du rêve à la réalité
« La directrice m’a dit qu’elle avait un rêve, un projet de créer un centre agro-éducatif et m’a demandé si je voulais piloter le projet. J’ai dit oui! Au début, mon conjoint était sceptique, mais j’ai insisté pour qu’on fasse l’acquisition d’une ancienne ferme d’élevage de chevaux à Navan et qu’on la convertisse. Aujourd’hui, le rêve est réalisé », dit-elle fièrement.
On dit souvent que les enfants d’aujourd’hui sont plus turbulents, distraits et difficiles à éduquer. Sortir de l’école rend-il la discipline plus ardue? « Pas du tout, au contraire », s’exclame Mme Perrault. « Il y a des enfants de la ville qui n’ont jamais mis le pied à la campagne. Ils sont hypnotisés par tout ce qu’ils voient, ils veulent découvrir et sont très attentifs aux missions que nous leur donnons.
Jean-François Bard a fait le même constat. « Il existe plusieurs bienfaits à passer du temps en plein air. Beau temps, mauvais temps, il y a des activités et des apprentissages à faire et on voit l’étincelle briller dans leurs yeux. Ils ont une meilleure capacité de concentration et c’est un environnement qui diminue le stress et l’anxiété. »
Encore plus!
Forte de la popularité du Centre auprès des élèves, la CECCE espère qu’un maximum d’écoles l’utilisent pour bonifier les apprentissages en classe. Quant à Gabrielle Perrault, elle caresse le projet d’ajouter l’apiculture, opérer une érablière, ajouter des animaux à la ferme et perfectionner le parcours en forêt.
Le but ultime ne vise pas forcément la formation d’une relève agricole. Mais si le Centre agro-éducatif peut aider des étudiants à rester à l’école plutôt que de décrocher, la récolte aura été bonne.
IJL – Réseau.Presse – Agricom