À l’invitation de la coopérative Uniag, la productrice Ysabel Jacobs donnait une conférence début février à St-Isidore, dans l’Est ontarien. Sa famille exploite trois fermes laitières à Cap-Santé, dans la région de Portneuf, près de Québec. Près de 500 vaches à la traite, dont 230 dans un nouveau complexe laitier.
« Nous travaillons beaucoup sur nos coûts de production. On part avec une base et on cherche à s’améliorer en fonction des chiffres qu’on a en main », a déclaré la productrice.
La Ferme Jacobs est surtout connue pour sa génétique Holstein. Elle rafle des prix dans les expositions les plus prestigieuses et vend quelque 500 embryons par année.
Les trois sites de production sont de propriété distincte, ce qui a pour but de faciliter les futurs transferts. Trois générations sont actives et la relève est au rendez-vous.
Lors de la conférence à St-Isidore, Ysabel Jacobs était accompagnée de l’agronome et conseiller en production laitière Juan Pedro Sarramone, de la Coop Novago.
Originaire d’Argentine, Juan Pedro Sarramone a aussi pratiqué en Nouvelle-Zélande et en Australie. Dans ces trois pays, les pâturages sont importants et à des fins de recherche et d’amélioration, on calcule la production de lait par hectare.
En Amérique du Nord, on tend à vouloir évaluer la performance des vaches au niveau individuel, souligne l’agronome. Par exemple, on regarde des critères comme les kilogrammes de gras par vache, ou les kilogrammes de gras par stalle.
En se fondant sur son expérience à l’étranger, Juan Pedro Sarramone a eu l’idée de calculer la quantité de solides du lait, dont le gras et les protéines, produite par hectare en fourrages (maïs ensilage et luzerne). Cela permettra de savoir à quel point la Ferme Jacobs est efficace à transformer ses fourrages en composantes laitières.
Pour que la génétique s’exprime
« La quantité et la qualité des fourrages ont un lien direct sur la production laitière, explique l’agronome. Plus nos fourrages sont meilleurs, mieux la génétique des vaches va s’exprimer. Elles produiront du lait avec une bonne quantité de solides, tout en restant en santé. »
Il est aussi question de la santé financière de l’entreprise, insiste-t-il. Plus les fourrages sont nourrissants, moins la ferme devra utiliser de concentrés et de tourteau de soya. Le prix d’achat de ces produits fluctue beaucoup, le plus souvent à la hausse.
Les coûts des fourrages peuvent aussi augmenter, mais ils sont beaucoup mieux contrôlés, car la production est faite à la ferme.
Les chiffres
Le calcul est simple : on divise les chiffres de production laitière par le nombre d’hectares en fourrages.
En 2022, les trois fermes ont cultivé des fourrages sur 733 hectares. Cela a donné 354 kg de gras par hectare, 263 kg de protéine par hectare et 1037 kg de solides de lait par hectare.
Ce premier calcul servira de base pour comparer avec les années prochaines. Les résultats démontreront à quel degré la qualité et la quantité des fourrages s’avèrent payantes. Si les pratiques au champ s’améliorent et que les fourrages deviennent plus nutritifs, l’indicateur sera à la hausse.
« On pense aussi au bilan carbone », souligne Juan Pedro Sarramone. Ce bilan à la ferme n’a pas encore été calculé, mais il est acquis que la production de fourrages émet moins de gaz à effet de serre que celle de concentrés.
« Tout est fait en fonction des vaches, dit l’agronome. Il faut trouver le meilleur moment de coupe de ces fourrages, pour qu’ils expriment leur plein potentiel une fois distribué aux vaches. »