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le Lundi 26 décembre 2022 5:36 Nos racines

La batterie de la grange

Luc Roy et son petit-fils, en tracteur devant la « batterie » de la grange-étable familiale. PHOTO : André Dumont
Luc Roy et son petit-fils, en tracteur devant la « batterie » de la grange-étable familiale. PHOTO : André Dumont
Bien avant l’électrification des campagnes, il y avait une partie de la grange qu’on appelait la « batterie ». L’usage de ce terme a survécu.
La batterie de la grange
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Luc Roy et son père Claude, à Ste-Anne-de-Prescott. PHOTO : André Dumont

Lors de mon reportage vidéo sur Luc Roy, ce collectionneur de tracteurs Massey-Harris, j’ai été surpris de l’entendre dire que sa machinerie ancienne était entreposée dans la « batterie » de la grange-étable familiale de Ste-Anne-de-Prescott, dans l’Est ontarien.

La batterie en question occupe une grande partie de la grange ancienne. Elle est sur terre battue, accessible par deux grandes portes.

« Mon père disait : va ouvrir les portes de la batterie. On va mettre les machines en dedans », m’a confié Luc Roy.

Son père, Claude Roy, agriculteur à la retraite, habite toujours sur les lieux.

« De chaque côté de la batterie, il y avait les carrés de foin et de paille. Ils rentraient la waguine et ils la déchargeaient avec une fourche attachée à un rail accroché au plafond », explique Luc Roy.

Cet usage de la batterie pour décharger et entreposer de la paille et du foin s’apparente à sa fonction d’origine : servir d’endroit où battre le grain. Avant l’avènement des moulins à battre, le grain était séparé de la paille à l’intérieur, dans la batterie.

Selon Luc Roy, les moulins à battre mobiles sont arrivés dans l’Est ontarien dans les années 1920. On les plaçait près de la grange pour pouvoir y souffler directement la paille.

Battre le grain

J’ai sondé l’historien Michel Prévost, qui a grandi sur une ferme laitière à Curran, non loin de Plantagenet.

« Quand j’étais jeune, on allait souvent dans la batterie de la grange, se souvient-il. Ma mère, qui a 84 ans et qui a été élevée sur une ferme, connaît très bien le mot batterie. »

Voici la définition que donne Germain Lemieux dans son livre La vie paysanne 1860-1900 par aux Éditions Prise de Parole en 1982 :

La « batterie » tire son nom de l’opération « battre le grain ». Dans les fermes traditionnelles, on battait le grain dans la « batterie », cette large plate-forme solide qui traversait la grange dans le sens de la largeur et donnait accès aux « tasseries » où l’on empilait la récolte, à l’automne.

La batterie peut se trouver au niveau de l’étable où étaient logés les animaux, ou à l’étage, accessible par un pont.

Dans La grange au Québec, de Robert-Lionel Séguin, publié en 1976 aux Éditions du Bien public, on peut lire que « la grange est séparée en deux parties égales par l’aire ou la batterie. Au Québec, on bat toujours les céréales à l’intérieur. L’aire destinée à cette opération est fortement pontée de madriers de frêne ou d’orme. L’égrenage se fait au fléau. »