Au cours des dernières semaines, Agricom a publié de magnifiques photographies anciennes sur la vie agricole de l’Ontario français. Ces photos en noir et blanc provenant des archives de famille témoignent des activités du monde agricole, de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle.
Ces images sont d’une grande valeur archivistique et historique. Cela dit, leurs propriétaires ne sont pas toujours conscients de leur richesse et ne savent pas comment bien les préserver pour les générations à venir.
Conseils de conservation
Voici des conseils pour bien conserver vos négatifs et photographies d’archives qui sont restés dans la famille au fil des générations.
Les écarts de température et d’humidité sont l’une des plus importantes causes de détérioration des documents photographiques.
Il faut éviter d’entreposer ses photos dans un sous-sol humide ou dans un grenier. Elles risquent de connaître des problèmes de moisissure qui laissent de vilaines taches sur les images et peuvent même les détruire. Ces endroits placent également vos photos à la merci de bestioles indésirables.
En revanche, un milieu trop sec et chaud entraîne le dessèchement du papier, qui s’effrite. Il faut éviter de mettre vos photos près des radiateurs, des conduits d’air chaud et des murs extérieurs.
En résumé, il s’agit de garder vos photos dans des conditions ambiantes favorables, notamment dans des pièces tempérées et bien aérées.
Lumière, eau et feu
L’exposition à la lumière et au rayonnement UV peut aussi contribuer à détériorer vos photos. La lumière et les rayons ultraviolets altèrent les photos, qui pâlissent et même s’effacent. Vaut mieux les conserver à l’abri de la lumière.
Le feu et l’eau sont deux autres ennemis de vos photographies. Il est judicieux de les déposer dans des contenants à l’épreuve du feu. Quant à l’eau, de nombreux documents familiaux ont été altérés ou perdus à cause des inondations, particulièrement dans les sous-sols. Pour bien faire, éloignez vos photographies des sources d’eau, particulièrement des fenêtres et de la tuyauterie.
Identifier ses photos
Une fois vos négatifs et photos mis en sécurité, il importe de bien les identifier. Un document photographique qui n’est pas décrit perd rapidement de sa signification. À quoi bon le conserver, si l’on ne peut pas connaître l’année, le lieu et les personnes photographiées?
Attention: il ne faut jamais écrire à l’encre sur l’endos des photos, car celle-ci finit par transpercer le papier. On doit plutôt utiliser un crayon à mine de plomb.
Par ailleurs, il ne faut jamais mettre de colle, de ruban adhésif, d’agrafe ou de trombone sur vos négatifs et photos. Il faut plutôt les placer dans des pochettes protectrices de polyester comme le mylar.
Numérisation et dons à des dépôts d’archives
Il existe deux bonnes façons de préserver à long terme vos négatifs et photos de familles : la numérisation et le don à un dépôt d’archives.
Pour éviter de perdre à jamais vos précieux souvenirs, il est facile de les numériser, préférablement à haute résolution. De cette façon, vos négatifs ou vos photos ne seront plus uniques. Une fois bien numérisée, votre collection de photos anciennes peut être cédée à un centre d’archives, une société d’histoire ou un musée régional.
Ces endroits bénéficient d’un personnel qualifié capable d’assurer, selon les normes en archivistique, la préservation à long terme de vos documents photographiques. La plupart de ces centres disposent d’un dépôt à température et humidité relative contrôlées, ainsi qu’à l’épreuve du feu.
Par ailleurs, en plus d’être traitées, vos photographies de familles seront décrites et cotées selon les Règles de description des documents d’archives et désormais accessibles à tous.
Au lieu de reposer dans vos fonds de tiroir à la maison et n’être accessibles qu’à vous et aux membres de votre famille, vos collections de documents photographiques contribueront à mieux faire connaître le patrimoine agricole franco-ontarien.
Le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF), à l’Université d’Ottawa, s’avère le dépôt d’archives le plus important de l’Ontario français. Ce centre d’archives institutionnelles conserve dans ses dépôts, à température et humidité contrôlées, plus d’un million de négatifs et photographies.
Le CRCCF possède une imposante collection de documents photographiques qui retrace la vie agricole et rurale des Franco-Ontariens depuis le 19e siècle. Citons particulièrement la Collection du Centre culturel « La Sainte-Famille », qui compte 1 200 photographies des Comtés unis de Prescott et Russell.
Dans l’Est ontarien, on trouve La Seigneurie, le centre de généalogie et d’histoire d’Hawkesbury et Patrimoine L’Orignal-Longueuil. Dans le Nord ontarien, on retient le Centre franco-ontarien de folklore, à Sudbury et l’Écomusée de Hearst. N’hésitez pas à les contacter.
Michel Prévost est historien. Il a été l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa pendant une trentaine d’années.