Forte d’une subvention de plus de 6.5 millions de dollars reçue du programme fédéral Agri-science, Bioindustrial Innovation Canada (BIC) à Sarnia veut mettre au point des technologies spécialisées qui transforment les ressources renouvelables, telles que les résidus agricoles, en bioénergie utile, en biocarburants et en biomatériaux comme l’éthanol et les plastiques biodégradables.
Précieux déchets
L’honorable Lawrence MacAulay, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, estime que l’initiative de BIC apporte une solution concrète au problème de gestion des déchets agricoles: « Ce financement offrira à nos agriculteurs de nouvelles possibilités de tirer profit de sous-produits agricoles qui auraient autrement été jetés. C’est une victoire pour les agriculteurs et un pas vers un avenir plus durable pour tous les Canadiens. »
Les déchets agricoles sont toutes les parties des récoltes inutilisées pour l’alimentation humaine ou animale, notamment les tiges et les feuilles. En moyenne, jusqu’à 80% de la plante peut être constituée de déchets agricoles.
En valorisation des déchets agricoles, certains pays d’Europe sont largement en avance sur le Canada. PlasticFri est une start-up suédoise qui extrait les matériaux fibreux des déchets agricoles pour créer du plastique écologique et entièrement biodégradable. Fruitleather Rotterdam fabrique des sacs à main et des chaussures à base de fruits rejetés par les grandes chaînes d’alimentation, tandis qu’en Finlande, une usine de biogaz est alimentée par du fumier et des déchets agricoles.
Un peu de tout
« Les diverses matières premières étudiées comprennent, sans toutefois s’y limiter, les pailles de blé/avoine/orge, les tiges de maïs, les fractions de légumineuses non alimentaires, le substrat de croissance des champignons et le riz sauvage », précise le gérant de projet du BIC, Michael Faba. « Il n’y a pas d’exclusion d’un résidu particulier, seulement une question de savoir s’il est inclus dans le cadre d’une activité de projet particulière. Il peut y avoir des opportunités d’inclure des résidus qui ne font pas déjà partie d’une étude.»
Certaines technologies pourraient être prêtes à être commercialisées un an ou deux après la clôture des travaux des grappes de recherche, d’autres le seront à plus long terme en raison des complexités liées à la mise à l’échelle, au développement du marché, à la conception technique avancée, à la construction et à la mise en service d’installations de traitement à grande échelle, etc.
Pétrole et plastique: quel avenir?
À l’heure où les gouvernements tentent d’éliminer le recours aux énergies fossiles, y a-t-il un avenir pour des biocarburants et des plastiques? Michael Faba croit que oui. « Les applications de ces deux types de matériaux vont au-delà des seuls véhicules à moteur pétrochimique. Les carburants sont utilisés dans une grande variété d’applications, y compris (celles) qui seraient probablement encore en service au-delà de toute restriction législative prévue sur les nouvelles ventes (petits moteurs, générateurs, utilisations industrielles, etc.). Dans le cas des bioplastiques, (ils) peuvent être utilisés pour alléger les composants des véhicules dans le but d’améliorer les économies de carburant. Des applications des bioplastiques sont également en cours de développement pour les emballages alimentaires, les revêtements, les textiles et d’autres applications uniques. »
Pas pour moi…
Agricultrice dans l’Est ontarien, Sandra Clément ne voit pas pour l’instant l’intérêt de se défaire des résidus agricoles. « Ils sont broyés et laissés sur le sol par la batteuse durant les récoltes. Ça améliore la structure du sol en augmentant la matière organique et crée un meilleur environnement pour les racines des plantes. Ensuite, les résidus se décomposent avec le temps, fournissant des nutriments essentiels au sol, tels que l’azote, le phosphore et le potassium. Cela peut réduire le besoin d’engrais chimiques. »
Selon elle, une couverture de résidus aide à retenir l’humidité dans le sol, ce qui est particulièrement bénéfique pour les terres légères et sableuses ou pendant les périodes de sécheresse. Les résidus agricoles protègent le sol de l’érosion causée par le vent et l’eau en agissant comme une barrière à l’impact des gouttes de pluie et en stabilisant le sol. Une couche de résidus peut également aider à lutter contre les mauvaises herbes en bloquant la lumière nécessaire à leur croissance.
IJL – Réseau.Presse – Agricom