le Mardi 3 décembre 2024
le Mercredi 8 septembre 2021 12:20 Volume 39 Numéro 1 - Le 27 août 2021

Les cochons laineux du Domaine Mangalica

Les cochons laineux du Domaine Mangalica
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Par Roxanne Lormand, [email protected]

À Plaisance au Québec, juste de l’autre côté de la rivière des Outaouais et de l’autoroute 50, on retrouve le Domaine Mangalica. On y fait l’élevage de cochons, mais pas n’importe lequel, le Mangalica, un cochon laineux. Oui, oui, vous avez bien lu, un cochon qui peut presque se faire passer pour un mouton !

Les propriétaires Raphaël Raby et sa conjointe Elizabeth Medeiros sont tombés sous le charme de la race après avoir vu un reportage sur un éleveur en Alberta il y a quelques années. La propriété acquise il y a environ huit ans accueille des porcs Mangalicas depuis cinq ans et demi. Le couple, accompagné de leurs trois enfants, élève en pâturage une soixantaine de Mangalicas du type hirondelle (noir avec ventre blanc). Les bêtes sont élevées en liberté à l’extérieur à l’année sur une superficie d’environ deux acres, mais le domaine de 150 acres «laisse place à développer de nombreux autres pâturages prochainement pour favoriser une rotation», précise le couple.

Elizabeth explique que les cochons ne sont sur le marché que depuis deux ans. «Il fallait débuter le troupeau et il aurait été difficile de fournir le marché.» Il faut comprendre que le cochon Mangalica est une espèce de porc dont la croissance s’effectue sur une période de deux ans. Toutefois, l’attente en vaut la peine, car une croissance lente favorisera un meilleur produit.

La clientèle est maintenant plus au rendez-vous qu’au départ de la commercialisation. «Au début, on essayait d’aller chercher le marché et d’aller chercher des clients, mais le monde ne connaissait pas ça [la viande de Mangalica]», confie Raphaël. Le prix, plus dispendieux que le porc traditionnel, faisait également peur aux gens qui n’osaient pas essayer cette nouvelle viande. «C’est une meilleure qualité et c’est une viande persillée. C’est presque la même couleur que le bœuf, entre le sanglier et le porc traditionnel.» 

Le Domaine Mangalica est situé à Plaisance, dans la région de l’Outaouais. Photo : Roxanne Lormamnd

L’histoire de la race

Mangalitza, Mangalitsa ou Mangalica sont tous des noms possibles et acceptés pour désigner ce type de cochon. Les origines remontent aux années vers 1830 en Europe centrale, plus précisément en Hongrie. Les Hongrois ont croisé un cochon ibérique et un sanglier dans l’espoir de faire un cochon domestique, mais ayant des traits de cochons sauvages, pour entre autres, défricher les montagnes. Dans les années 1930, la race Mangalica a été officiellement reconnue et popularisée. Le cochon est facilement reconnaissable par son pelage épais composé de poils frisés comme une brebis ou un mouton.

Toutefois dans les années 1980, l’espèce a connu un déclin en raison de l’important taux de gras qu’on retrouvait dans sa viande et surtout, parce que la croissance qui s’étale sur deux ans lui conférait un désavantage pour certains producteurs. «En 1997, on en comptait juste 200 dans le monde», raconte Raphaël Raby. Cependant, des études ont été menées dans le but de protéger ce cochon, et les experts ont découvert que le taux d’oméga 3 et d’oméga 6 dans le gras de cette viande était plus important que dans certains poissons. «À partir des années 2000, je pense, vers 2007, on en comptait 20 000 dans le monde.»

Le marché

Actuellement, l’éleveur fournit quelques restaurants locaux près de chez lui comme à Montebello. Il préfère tout de même vendre directement aux clients à la ferme. «Depuis la COVID, c’est 60-70% de la clientèle qui viennent directement à la ferme», relate Raphaël. C’est à ce moment que l’entreprise a vraiment commencé à se faire connaître. L’investissement pour son site web et en marketing pour l’entreprise à cette époque a porté fruit. Le mouvement «manger local» promu par les gouvernements a beaucoup incité les gens à consommer des produits d’ici, s’entend pour dire le couple d’éleveurs. Elizabeth rajoute que les gens viennent beaucoup à la ferme chercher leurs produits et pour des visites à la ferme. «On en a tous les jours [des clients] et le dimanche c’est les visites à la ferme. On peut avoir jusqu’à 6-7 familles qui viennent et repartent avec une boite [de produits]», témoigne-t-elle.

Voici la femelle Alica (à gauche) et le mâle Albert (à droite).
Ils sont un des couples reproducteurs du Domaine Mangalica. Photo : Roxanne Lormand

Projets

Bien que le Domaine Mangalica a vu sa croissance sur le marché progresser avec la pandémie, certains défis demeurent.

Entre autres, la nourriture des porcs a augmenté. «La moulée aussi a plus que doublé, le prix à tonne. On payait 250$ la tonne, et là je pense on est rendu 550-555, peut-être ç’a baissé un peu», indique Raphaël Raby. «Mais là toi, tu ne peux pas doubler le prix de ta viande. Sinon t’en vends plus […].»

Dans le futur, M. Raby veut agrandir. «Je veux bâtir mon magasin, ma boucherie et ma cuisine directement ici [à la ferme]. Présentement, je loue ma cuisine et ma boucherie d’une ferme de bisons proche, la ferme Takwânaw.» Faire plus de pâturages est également une des priorités en ce moment pour assurer le bien-être de son troupeau et de l’environnement.

On voit ici le poil très frisé du cochon Mangalica du type hirondelle (noir et ventre blanc). Le poil du Mangalica peut aussi être Rouge ou Blond. Photo: Roxanne Lormand.

La recette secrète

Interrogé à savoir comment lui, Raphaël Raby préférait manger son Mangalica, il nous a confié tout d’abord que comme c’est une viande persillée elle est très bonne pour faire des jambons et charcuteries. De plus «elle est bonne en cuisson, mais, il ne faut pas tu la fasses cuire trop vite, car ton gras n’a pas le temps de fondre et d’attendrir la viande.» La meilleure façon selon le connaisseur : «Je le fais cuire tranquillement […] au barbecue ou fumoir ou encore sur un feu dehors.» Le Mangalica, une viande à découvrir!

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