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le Mercredi 8 septembre 2021 15:36 Volume 39 Numéro 1 - Le 27 août 2021

Sècheresse extrême dans plusieurs régions du Canada: des conséquences économiques lourdes pour 2021

Sècheresse extrême dans plusieurs régions du Canada: des conséquences économiques lourdes pour 2021
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Par : Ralph Beauvoir, Agr., M.Sc. , agro-économiste collaborateur Agricom

Plusieurs régions du Canada, dont le nord-ouest de l’Ontario, ont connu des conditions météorologiques extrêmes pendant cette période estivale. Pour pallier cette vague de sècheresse et de feux de forêt, les gouvernements fédéral et provinciaux ont annoncé plusieurs subventions aux producteurs des zones affectées. Le gouvernement de l’Ontario a annoncé jusqu’à cinq millions de dollars d’engagement pour bonifier les différents programmes de soutien tels que les programmes d’Agri-relance et d’Agri-stabilité. Du côté du fédéral, une enveloppe de 500 millions de dollars est annoncée. L’Ontario estime à 200 dollars par tête de bétail les coûts exceptionnels liés à la sècheresse pour les éleveurs.

Les producteurs ayant accès aux différents programmes de Gestion de Risques de l’Entreprise (GRE) trouveront un peu de soulagement. Cependant, les impacts de cette sècheresse vont au-delà des coûts et bénéfices des producteurs. Avec cette sècheresse qui a frappé les prairies et d’autres zones agricoles du pays, on s’attend à une diminution de l’offre agricole canadienne. En Colombie-Britannique, c’est près de 40 % de la production de pâturage et de fourrage. Du côté de l’Alberta, la situation n’est pas meilleure. L’Association Alberta Beef Producers s’attend à une diminution de 20 à 30 % de la taille des troupeaux. Le rendement des cultures céréalières est de 30-50 % inférieur à la moyenne. De plus, environ 61 % des pâturages et zone de production de fourrage de l’Alberta ont subi une vague de sècheresse grave, représentant près de 57 % des vaches de boucheries. Même son de cloche du côté de la Saskatchewan, plus de 90 % des zones de pâturage et de production de fourrage ont connu le même sort, ce qui représente 93 % des vaches de boucheries de la province. Au Manitoba, c’est près de la totalité des zones de production qui ont été affectées par le temps chaud et sec. Pour le Québec et l’Ontario, mis à part la sècheresse dans le nord-ouest de l’Ontario et l’épisode de grêle à la fin du mois de juillet à Winchester, et dans quelques régions du Québec, notamment au Lac-Saint-Jean, les conditions ont été généralement bonnes.

Les conséquences de cette sècheresse vont sûrement se faire sentir dans les assiettes des Canadiens et même ailleurs. À cet effet, les fabricants français de pâtes alimentaires ont lancé l’alerte sur une éventuelle pénurie de blé dur, seule matière première des pâtes alimentaires. Dans leur récent communiqué, ils anticipent, à cause de cette période de sècheresse exceptionnelle, entre autres, un stock historiquement bas au Canada, soit environ 32 % de moins que la moyenne des cinq dernières années. Le blé est passé de 200 $ US la tonne métrique au début du mois de juillet à 255 $ US à la mi-août. Le prix d’une balle de foin est d’environ 80-120 $, quasiment le double du prix habituel. À noter que le Canada est le premier producteur de blé et représente les deux tiers du commerce mondial du blé dur. À mesure que le temps passe, les données pour les autres produits montreront plus clairement les impacts de cet évènement météorologique inhabituel.

Les conditions météorologiques qu’ont connues plusieurs régions du Canada, bien qu’exceptionnelles, inquiètent plus d’un. Beaucoup d’experts attribuent cette situation aux conséquences des changements climatiques et redoutent que ces événements ne deviennent plus fréquents et plus intenses comme le prévoit d’ailleurs le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sorti en août dernier.

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