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le Mercredi 22 novembre 2023 13:54 40e anniversaire

Pierre Glaude, celui qui a porté le journal sur ses épaules

Pierre Glaude, pionnier d'Agricom
Pierre Glaude, pionnier d'Agricom
Quand Pierre Glaude s’est embarqué dans l’aventure avec Agricom, il n’avait aucune expérience en journalisme. En 1998, son texte « Où est la révolution du bon sens ? » reçoit le prix d’éditorial de l’année décerné par la Fédération des gens de la presse de l’Ontario. Il ne pourra malheureusement être présent à la soirée du 40e anniversaire, mais l’équipe d’Agricom souhaitait lui donner la parole. Rencontre avec un retraité passionné.
Pierre Glaude, celui qui a porté le journal sur ses épaules
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Caricature de chat de Caillou, alias Madame Cayouette

Retour en 1983. Pierre Glaude est alors secrétaire général de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, qui compte à peine quarante membres. 

Pierre Glaude: Nous n’avions pas de local, pas de téléphone, seulement une vieille imprimante, un petit classeur et un petit compte en banque. On travaillait de la maison. L’UCFO avait perdu son lustre. Patrimoine Canada avait menacé de retirer les fonds restants si l’UCFO ne faisait rien. On voulait faire un grand coup!

J’ai rencontré les deux fondatrices du journal, Suzanne Massie et Chantal Périard d’Alexandria. J’ai d’ailleurs signé le premier commentaire dans le premier numéro de 1983. À l’été, elles manifestent le désir de retourner à l’école et de vendre le journal. 

L’UCFO a donc acheté le journal.

Vous n’aviez pas d’expérience en journalisme. Comment écriviez-vous les articles?

PG: Dans le temps, on avait beaucoup de chroniques scientifiques provenant du Collège d’Alfred. C’était une façon de soutenir les agriculteurs et d’attirer les étudiants à la fois. Il ne faut pas oublier que la majorité des agriculteurs n’avaient jamais reçu de formation formelle!

J’ai lu un livre intitulé Le guide du rédacteur. Et j’ai rédigé les commentaires (NDLR: éditoriaux) pendant au moins 30 ans. J’ai assuré à la fois les rôles d’éditeur délégué au Journal Agricom et de conseiller en développement agricole et rural à l’UCFO. 

On tenait aussi au côté terre à terre et humoristique. On avait des caricatures d’agricultrices, notamment avec Caillou, alias Madame Cayouette.

C’est moi qui ai imaginé le coloré personnage Père Itoine Brindavoine. Le péritoine, c’est une partie du corps humain près de l’intestin. Son épouse, plus rationnelle, est Madame Duremère, pour rappeler la partie du corps constituant les méninges.

J’ai été inspiré par le Père Bougonneux. Les lecteurs aimaient beaucoup la nostalgie. Plusieurs avaient hérité des fermes de leurs parents et aimaient les retour en arrière. Je n’ai jamais rédigé les textes! Leur auteur est un secret encore à ce jour…

Quand aviez-vous eu l’impression qu’Agricom avait les reins plus solides?

PG: À plusieurs reprises, on a eu des moments difficiles et on a failli fermer les portes. En 1985, on a eu un octroi et ça a fait toute la différence du monde! Avec cela, on a pu se louer un local à Clarence Creek et on a pu s’équiper pour réaliser le tout par nous-mêmes. On distribuait 10 000 copies gratuitement, mais rappelez-vous que la poste ne coûtait rien!

À partir de 1988, Agricom peut être considéré comme une entreprise stable bien que les revenus d’abonnement et de publicité ne couvrent pas totalement les coûts de production et d’envoi. Les coûts postaux ont tellement augmenté au cours des années qu’il a fallu limiter les envois à une clientèle ciblée. Heureusement, de nouveaux octrois fédéraux du programme de Développement et ressources humaines Canada, permettent au journal de bien fonctionner. En 1993, on a finalement eu un financement stable. 

Si Agricom est encore là aujourd’hui, et a survécu à tous les obstacles, c’est grâce aux agriculteurs du conseil d’administration et aux chroniqueurs. Chose certaine, les agriculteurs sont capables de gérer le risque!

Comment envisagez-vous l’avenir d’Agricom? 

PG: J’ai 83 ans et je ne connais rien aux ordinateurs, alors je ne lis malheureusement plus Agricom en version électronique. 

Ce que je sens autour des fêtes du 40e anniversaire, c’est qu’il y a la même détermination et que ça va bien. Le journal s’est complètement renouvelé et 

je pense qu’Agricom va célébrer son 50e!