Ce sont les instances municipales qui ont le mandat de veiller au respect de cette réglementation provinciale. Les contrevenants sont passibles d’une amende d’au moins 500$ et d’au plus 2 000$ pour une première infraction.
Manque de bras
« Ce que je constate, c’est que beaucoup de municipalités ne reconnaissent pas le problème des mauvaises herbes et des plantes envahissantes », estime le directeur de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO), Paul Maurice. « La réglementation est là, mais elle n’est pas tellement appliquée », dit le résident de Lafontaine, au nord de Simcoe.
Un constat que partage en partie le gérant des infrastructures environnementales de la municipalité de La Nation, Daniel Desforges. « Ce sont les inspecteurs des Comtés Unis (de Prescott et Russell) qui sont chargés de faire appliquer la loi, mais dans les faits, on n’a pas beaucoup de ressources pour le faire. »
Un inspecteur intervient généralement dans le cas d’une plainte et le propriétaire foncier est tenu de collaborer, à défaut de quoi l’inspecteur peut revenir avec un mandat pour accéder à la propriété et même éliminer les mauvaises herbes.
La Loi s’applique aux terrains agricoles et horticoles qui génèrent des revenus ou d’autres avantages liés à l’agriculture, mais exclut les parterres, les jardins et les secteurs privés pour détente et loisirs personnels.
Ville par ville, cas par cas
« Ces 10 dernières années, on a vu une multiplication de navets sauvages (Arisaema triphyllum, plante à bulbe toxique) », s’inquiète M. Desforges. « Le territoire de La Nation est à 80% agricole et 20% urbain, donc les agriculteurs épandent des herbicides pour protéger leurs champs. Nous, on coupe l’herbe dans les fossés et le long des trottoirs; on utilise aussi des herbicides bio au besoin, mais les propriétaires fonciers doivent évidemment faire leur part », dit-il.
Plus au sud, à Hamilton, l’application du règlement est réactive en raison du volume d’appels pendant la saison de croissance. « La plupart des résidents s’y conforment une fois qu’un agent chargé de l’application de la loi les a informés des exigences du règlement», explique la gestionnaire des politiques et programmes, Gillian Barkovich.
« Il existe de nombreuses situations dans lesquelles la Ville est tenue de demander à un entrepreneur d’enlever les mauvaises herbes nuisibles. Ces frais sont ensuite ajoutés au rôle de taxe foncière correspondant à la propriété en infraction. »
Paul Maurice parle d’une menace bien réelle: « Certaines plantes se répandent très rapidement et peuvent envahir ou contaminer nos champs, ce qui représente des pertes pour les agriculteurs, en plus des coûts pour l’épandage d’herbicides. Même quelques plants qui poussent dans le fossé en bordure du chemin, c’est un problème. »
Au-delà des éternuements
On connaît l’herbe à poux (Ambroisie à feuilles d’armoise) pour son pollen hautement allergène ou l’herbe à puce (Sumac grimpant), très irritant, qui peut provoquer d’intenses démangeaison, une sensation de brûlure et même des cloques d’eau. Depuis janvier 2024, l’Ontario interdit la présence de l’Ailante glanduleux, une plante pouvant potentiellement changer l’activité chimique et microbienne des sols, en plus d’être associée à plusieurs pathogènes fongiques.
Mais plusieurs autres plantes répertoriées sur ce site (https://www.invadingspecies.com/fr/envahisseurs/plantes/) représentent un danger pour les agriculteurs.
S’il souhaite que chacun prenne les mesures nécessaires pour éliminer les mauvaises herbes, Paul Maurice en appelle à la prudence dans l’enlèvement et la disposition des plants: « Je connais quelqu’un qui a voulu arracher un plant récemment. Il a développé une allergie grave qui s’est propagée sur tout le corps. Il faut s’habiller adéquatement et placer les plants arrachés dans un sac pour en disposer sécuritairement. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom