Les agriculteurs ontariens sont-ils condamnés à voir leurs efforts balayés par les sautes d’humeur de Dame Nature, ou existe-t-il un minimum de gestes que l’on peut poser pour limiter les pertes? Professeur et coordonnateur au programme de Fruits et légumes au Collège La Cité, Simon Lachance croit qu’une partie de la solution est juste là, sous nos pieds.
La clé de sol
Un sol en santé, c’est de la musique aux oreilles de M. Lachance: « La santé du sol est non seulement essentielle pour optimiser la croissance des cultures, mais c’est aussi un outil important pour contrer les effets des inondations et des sécheresses », dit-il.
Il prône une approche en trois parties pour y arriver. « Si vous ne le faites pas déjà, prenez l’habitude de laisser les résidus organiques au sol. Ces résidus permettent la rétention de l’eau, ils favorisent une meilleure structure du sol, ce qui en retour assure aussi un drainage accru et une circulation de l’eau. »
Évidemment, un sol sablonneux qui ne retient que cinq à six pour cent de matière organique demandera plus de soin qu’une terre riche ou un sol argileux.
Eau: stop ou encore?
En période de changements climatiques, il arrive que la nature ait besoin d’un coup de pouce. C’est pourquoi Simon Lachance croit que pour plusieurs agriculteurs, un système d’irrigation devient une deuxième suggestion incontournable.
« En fait, on peut parler d’un système de circulation d’eau. D’une part, on peut avoir recours à une distribution du genre goutte à goutte, qui permet d’économiser jusqu’à 80% de l’eau utilisée pour arroser les plants. Ensuite, prévoir une valve au bout du système de drainage et même récupérer l’eau, qu’on dirige vers un réservoir de conservation pour les périodes sèches. »
Penser différemment
Troisièmement, le professeur estime que l’agriculteur gagne à prévoir une couverture végétale en permanence sur la terre cultivée. « Après la récolte, on peut semer des légumineuses par exemple », suggère-t-il. « Ces plants protègent le sol de l’érosion, ils aident à conserver l’humidité et les plantes comme la luzerne ajoutent de l’azote naturellement, ce qui diminue le besoin d’ajouter des intrants. »
Simon Lachance est aussi l’apôtre avoué des innovations technologiques, dont l’implantation peut aussi jouer un rôle dans l’adaptation aux changements climatiques.
« Au-delà de la pénurie de personnel, la technologie peut combler d’autres besoins, comme le désherbage des champs 24 heures par jour, l’analyse des sols pour mieux contrôler les intrants et même favoriser la désaisonnalisation de certains fruits et légumes. »
Faut-il que l’agriculteur d’aujourd’hui soit expert en tout? « Il est vrai que le métier exige plus de connaissances qu’avant, mais une formation collégiale permet d’avoir une vision plus globale, tant pour le propriétaire que l’employé », estime-t-il.