À l’image de l’industrie bovine, le théâtre traverse lui aussi une période difficile en raison du manque de financement. Ainsi, la troupe montée par Créations In Vivo devait monter sur les planches au Québec et en Alberta cet été, avant d’entreprendre une percée européenne en 2025. « Les diffuseurs belges présents à Francofête en Acadie ont adoré la pièce et nous ont dit que le public belge l’apprécierait à coup sûr, mais tant le Conseil des Arts du Canada que celui de l’Ontario n’ont pas l’argent pour financer une telle production sur la route. »
Une pièce qui émeuuuuh…
Très librement inspirée d’une histoire vraie, l’histoire raconte comment Jean, un agriculteur, tente de sauver de la mort des centaines de vaches malgré les obstacles lors du verglas de 1998. C’est aussi l’histoire de sa fille, Julie, qui veut quitter son village d’enfance pour refaire une nouvelle vie à Toronto, d’un maire assoiffé d’argent, de soldats qui débarquent et de ce verglas qui glace le cœur des habitants.
Le spectateur est tiraillé entre l’envie de rire ou de pleurer, tant la pièce est un feu nourri d’émotions. « La pièce dépeint bien la réalité des fermes agricoles familiales et des enjeux de l’agriculture », explique le folkloriste bien connu Louis Racine, qui a assisté à une représentation. « Il est difficile de vendre l’entreprise quand la relève n’est pas intéressée et que les jeunes veulent partir travailler en ville. »
Au-delà de ce constat, M. Racine rappelle que Vache nous fait vivre en humour ce que plusieurs agriculteurs vivent en détresse quand vient le temps de laisser aller l’entreprise à des étrangers. « J’espère que cette remarquable comédie musicale fera réaliser aux citadins tout l’amour qu’il y a dans le lait qu’ils mettent dans leur café tous les matins. Et c’est une grande fierté pour moi que l’histoire de la pièce se déroule dans mon village natal où ma famille y cultive la terre depuis six générations! »
Et après?
Les agriculteurs en savent quelque chose: avoir un produit de qualité et manquer de financement pour combler la demande peut être frustrant. Après la représentation du 11 mai à Rockland, la suite est moins certaine pour Stéphane Guertin. «C’est sûr qu’on aimerait jouer partout, mais il faut une salle assez grande pour accueillir la troupe et le décor, il y en a très peu à l’est d’Ottawa. Il reste qu’on pense que c’est une pièce qui pourrait jouer dans les écoles, entre autres, et certainement au Québec. Chez les anglophones, des mécènes font souvent des dons importants aux arts de scène, mais c’est plus rare dans la communauté francophone.»
Vache va-t-elle accoucher d’une suite? « J’ai quelque chose dans les cartons, il est trop tôt pour en parler, mais on parle d’une autre comédie identitaire qui donnera dans l’absurde », confie le comédien et auteur.
IJL – Réseau.Presse – Agricom