« Les terres agricoles moins abordables constituent un défi pour les jeunes producteurs, les nouveaux agriculteurs et ceux qui aspirent à procéder à une expansion », reconnaît Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à FAC. « Certaines exploitations peuvent être exposées à des risques plus importants, car elles doivent composer avec des taux de location et des coûts des intrants plus élevés. »
Pas impossible, mais…
Évidemment, les agriculteurs qui songent à la retraite se réjouissent de voir la valeur de leurs actifs augmenter, mais cette opportunité cache un côté sombre: le prix élevé de revente risque de rendre difficile la reprise de l’entreprise par un membre de la famille.
« Ça peut sembler décourageant lorsqu’on est jeune, mais il existe des solutions abordables », indique toutefois Marie Boulay, associée en fiscalité chez MNP, qui comprend bien la situation des agriculteurs franco-ontariens. « Éventuellement, la valeur de l’acquisition va augmenter. Et puis l’acheteur peut aussi proposer de l’acquérir qu’une partie des actifs », précise-t-elle.
Le recours à un professionnel permet d’explorer des avenues comme la copropriété de la ferme: « Dans le cas d’une transaction intergénérationnelle, la valeur des actions est gelée et les deux parties acceptent de partager la plus-value future de l’entreprise à 50-50. Au moment convenu, l’acheteur récupère 100% de la plus-value et rembourse au vendeur 100% de la valeur initiale. Cette formule permet au vendeur un décaissement progressif mieux protégé de l’impôt », indique Mme Boulay.
Planifier: pas seulement pour l’acheteur
Si l’achat d’une ferme doit faire l’objet d’une planification minutieuse, il est faux de croire que vendre est une décision qui peut se prendre sur un coup de tête, indique l’experte: « Il y aura peut-être des actifs dont on doit se départir avant la vente, choisir entre la vente d’actions ou d’actifs (ou les deux), l’impact fiscal pour le vendeur, vendre à un proche ou un étranger, la durée de la transition… Idéalement, on prévoit ce genre de décision jusqu’à cinq ans d’avance pour ne pas être à la course, d’autant qu’il y a pénurie de relève en comptabilité et fiscalité aussi…»
IJL – Réseau.Presse – Agricom