« Pendant la COVID, les gens avaient les moyens de se payer cette traite, mais maintenant, ce n’est plus rentable », explique–t-il. « Dans la dernière année, j’ai payé toutes mes factures, mais j’ai travaillé pour rien. Tout est plus cher, mais au moins mes fonds de terre sont payés donc j’ai juste ma machinerie, mon silo et ma remise à financer. »
L’agriculteur déplore qu’il n’y ait pas de quotas pour l’élevage ovin et que l’abattoir le plus proche soit près de Toronto. Deux facteurs qui l’ont poussé à vendre son troupeau.
Les arpents verts
Lui qui a acheté la ferme de son père en 2008 s’est donc tourné vers la vente de foin. « Les animaux, c’était la passion de mon père. La mienne, c’est les champs, travailler en plein air avec les machines. J’adore la nouvelle technologie. Les tracteurs ont des GPS et l’autoguide. On peut y entrer les numéros de champ, selon les sortes de culture. Les rendements sont comptabilisés dans le téléphone intelligent qui est lié à la batteuse et au tracteur. C’est stimulant! »
« Avec la vente de foin, le train est plus facile. Je fais aussi des grandes cultures, du blé et du soya. Le blé d’automne a été super bon et le soya a été ma meilleure année. Nous avons eu beaucoup d’eau au bon moment. Aussi, je mets du fumier depuis cinq ans; donc l’eau s’en va moins directement au drain. Comme la récolte de foin a été très bonne, j’ai pu en laisser pour protéger le sol du gel. Ça fait engraisser le terrain: les vers et les microorganismes vont fertiliser le champ, c’est rare! »
Ça passe ou ça casse
La vie n’est pas facile pour les travailleurs sur les terres agricoles, selon M. Meloche. Élevé sur cette ferme centenaire, l’homme de 51 ans voit l’âge de la retraite approcher pour lui alors qu’il dit ne plus pouvoir travailler autant à l’extérieur.
« Les agriculteurs n’ont pas une bonne qualité de vie, pas de jour férié, pas de vacances payées. Quand c’est le temps de la récolte, je comprends, mais quand c’est une période morte… Sur les fermes de vaches à lait, ils travaillent 365 jours avec un salaire pas très viable. J’ai des amis qui vont changer de domaine, malgré que leur passion soit l’agriculture. »
Il souligne au passage l’exemple louable de la Ferme Lavigne, alors que l’employé principal s’assoit avec la famille lorsqu’il y a des décisions importantes à prendre concernant la ferme.
Son conseil aux jeunes qui débutent? « Commence par aller travailler ou faire du bénévolat chez un fermier établi. Fais-le par passion, car tu ne seras pas riche. Cultive un foin de qualité pour couper sur les supplément qui coûtent cher comme le maïs et compense par le seigle, par exemple. Essaie de limiter les visites du vétérinaire à 1 à 2 fois par an. Et dans le couple, l’un peut s’occuper du troupeau, mais l’autre doit avoir un salaire extérieur. »