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le Mercredi 19 juillet 2023 14:27 Alimentation

La lutte biologique, une « guerre propre »

Une femme en train de cueillir des légumes racines
Une femme en train de cueillir des légumes racines
De plus en plus de producteurs souhaitent se tourner vers une culture de produits qui se rapprochent de ce qu’on appelle « biologique ». Dans la guerre contre les infestations d’insectes ravageurs, l’introduction d’autres insectes pour mener une lutte biologique s’inscrit dans cette démarche. C’est le chemin qu’a choisi d’emprunter Nadia Carrier dans son entreprise, Les Serres M. Quenneville, à Plantagenet.
La lutte biologique, une « guerre propre »
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Lors de l’acquisition des serres en 2008, le couple Carrier-Fortin, qui fondait au même moment sa petite famille, a pris la décision de réduire, puis de finalement éliminer l’utilisation d’insecticides et de tous produits chimiques dans leur production. « Le choix, c’était pour la santé des travailleurs, dont nous », affirme Nadia Carrier, la propriétaire. 

Évidemment, la question environnementale a compté dans leur décision, mais c’est surtout le désir de protéger leur famille et leurs employés qui les a motivés à se lancer dans la lutte biologique. Désormais, l’horticultrice Léa Tremblay, qui détient une formation en bioécologie, est responsable de l’irrigation et du dépistage d’insectes ravageurs, entre autres tâches. Elle veille sur les plantes. 

Mme Tremblay explique que dans la culture horticole, les pucerons sont l’ennemi numéro un. « Quand il y a eu un problème avec les pucerons, c’est moi qui m’en suis aperçu et qui ai réglé le problème ». Lorsqu’il y a une infestation d’insectes ravageurs, « il faut intégrer dans nos serres des insectes bénéfiques qui vont manger les insectes ravageurs ». 

La méthode paraît simple; pourtant, elle exige une grande minutie et le suivi d’un protocole très précis. « Il faut dépister chaque semaine, garder un registre, on peut ajouter des huiles essentielles qui éloignent les pucerons. Il faut suivre les étapes à la lettre, ne pas sauter de semaines, être “by the book”, sinon on perd le contrôle et c’est fini, si on manque une fois, on perd complètement le contrôle ». Le fonctionnement de la lutte biologique en demeure un qui se fait en prévention, il doit être entamé en amont de la culture.

Les coccinelles que Dominic Fortin a prises dans sa propre maison pour les introduire dans les serres ont commencé la besogne, puisqu’elles sont des prédateurs des pucerons du soya. Mais il y a d’autres insectes bénéfiques qui viennent compléter l’armée biologique. Pour les implanter, Mme Tremblay a commandé chez un fournisseur quatre sortes de petites bêtes, dont les chrysopes et les aphidius, aussi appelées guêpes miniatures. L’équilibre se fait ensuite, comme dans tout écosystème.

Les résultats sont visibles pour la responsable du dépistage. Lors de ses tournées, elle trouve des pucerons momifiés, parce que les guêpes pondent leurs œufs dans le puceron lui-même, et les larves vont ensuite le manger lors de l’éclosion. Sans compter qu’elle trouve des plants sains et des feuilles intactes.

Bien entendu, lorsqu’on veut arriver à une culture sans insecticides et sans produits chimiques, il faut aussi accepter des pertes. Selon Léa Tremblay, cette seule méthode donne un taux de succès « d’au moins 60 % », auquel d’autres pratiques peuvent s’ajouter.

Mais au fond, dans ce choix surtout basé sur des valeurs humaines et écologiques, les bénéfices ne se comptent pas qu’en argent sonnant. Pour les Carrier-Fortin, avoir une famille et des employés qui préservent une bonne santé, ça vaut de l’or. En tout cas, ça vaut bien de tolérer quelques pucerons et quelques feuilles mangées.

IJL – Réseau.Presse – Agricom