le Dimanche 6 octobre 2024
le Mercredi 10 janvier 2024 14:50 Environnement

Assurances: vers une hausse des coûts

Dommages sur une ferme
Dommages sur une ferme
L’Est ontarien se relève à peine de sa première importante bordée de neige de la saison, que la région doit se préparer à de nouvelles précipitations au cours de la fin de semaine.
Assurances: vers une hausse des coûts
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Lorsque la neige se transforme en pluie, le poids des accumulations sur les structures bâties devient vite énorme, causant parfois des effondrements aux conséquences désastreuses.

« Il y a 30 ans, on avait moins d’équipements de grande valeur dans les étables; une moissonneuse-batteuse se vendait environ 400 000$ », indique Éric Gauthier, courtier en assurances pour l’entreprise MLS à St-Isidore. « Aujourd’hui, ce genre d’équipement se détaille facilement dans les 800 000$ sans les têtes. On a récemment déboursé un million de dollars pour un tracteur! Quant aux bâtiments, même une entreprise de taille moyenne devra débourser entre 3 et 5 millions pour une étable. »

Hausse des prix

La pénurie de main-d’œuvre depuis la pandémie serait partiellement responsable de la hausse des coûts dans les secteurs manufacturier et du bâtiment, selon M. Gauthier. « Or, ce sont les coûts payés par l’assureur lorsqu’on accorde une réclamation. Plus le bâtiment vaut cher, plus le dédommagement devra être élevé, si la protection est adéquate. »

Et il n’y a pas que l’immobilier, ajoute le courtier: à lui seul, le coût des équipements modernes fait rapidement grimper la facture. L’automatisation permet de contourner une partie du problème de recrutement de la main-d’œuvre, mais elle engendre elle-même la valeur des biens protégés, parfois à coups de centaines de milliers de dollars.

“On peut probablement parler d’une augmentation des primes de 5 à 15% pour les exploitants agricoles et les éleveurs”, estime l’expert. “Pensez au derecho de mai 2022 ou encore au verglas d’avril 2023. Dans le cas du derecho, ce phénomène météo à lui seul m’a valu pas moins de 15 millions de dollars en réclamation de la part de mes clients. Et je parle juste des miens, sans compter ceux de mes collègues ou des autres assureurs.”

La neige, amie ou ennemie?

Décembre 2023 aura été pluvieux, faisant disparaître la neige au sol. Quelques nuits glaciales ont probablement causé du tort à certaines plantes, dont le blé et le foin d’automne; l’impact réel ne sera connu qu’au printemps. La couverture neigeuse agit comme un isolant; mais en trop grande quantité, elle présente un risque pour certains arbres fruitiers et les bâtiments. 

“J’ai un bâtiment d’une soixantaine d’années qui est encore solide”, indique Michel Dignard, qui exploite la Ferme Michel Dignard et Jeannette Mongeon depuis des décennies à Embrun. “Mais le jour où je devrai le remplacer, je m’attends à devoir payer le gros prix.” 

Face à la hausse des primes d’assurances, il confie devoir maintenant assumer une part de risque: “j’ai révisé mes franchises pour qu’elles passent de 2 000$ à 5 ou 10 000$. Ça nous force à être plus vigilants sur la solidité des bâtiments, mais ça permet de garder les primes à un niveau abordable.”

Pour celui qui dit n’avoir vu que 4 tornades en 50 ans à Embrun, les changements climatiques ont le dos large et servent surtout à justifier les profits croissants des assureurs. Éric Gauthier, lui, n’est pas d’accord: “L’assurance, c’est collectif. C’est l’argent des primes de chaque client qui sert à payer des dédommagements, donc plus le coût de remplacement est élevé, plus les primes le seront.”

IJL – Réseau.Presse – Agricom